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Patrimoine

Les hauts fourneaux aussi

Notre passé industriel : tel est le thème du huitième Salon du patrimoine.


Musée du bois du Cazier
© D.R.
PARIS. C’est le plus chaleureux des salons. Les cent quatre-vingt artisans qui, travaillant sur place, s’effacent devant la belle ouvrage y sont pour quelque chose avec ce sentiment que ce qu’ils restaurent appartient à nous tous. Le passé industriel : voilà qui touche au plus profond de notre histoire sociale avec ces outils de travail obsolètes, impliqués dans les péripéties souvent douloureuses de la marche vers la modernité. Voilà des usines dans le Carrousel du Louvre avec des pièces monumentales comme ce four de plus de quatre tonnes venu de Toulouse. Spécialisé dans la fabrication des tuiles, classé monument historique, il date de 1772 et il fonctionne en continu depuis plus de cent ans : il a été éteint seulement aujourd’hui pour le salon.

Entre tradition et innovation
Le lavoir à charbon de Montceau-les-Mines, la métallurgie du Creusot, la briqueterie de Ciry-le-Noble, autant de sites gigantesques, évoqués en images en vue d’une reconversion muséographique. Mais tous les lieux industriels ne peuvent être transformés en musées. Le Salon du patrimoine est un des acteurs du tourisme industriel. Les métiers traditionnels qui sont là effacent la barrière entre art et artisanat. Mais l’essentiel ici est de faire savoir le savoir-faire : un spécialiste de chaussures en chanvre imaginées pour restreindre une consommation abusive de cuir, un éleveur de vers à soie qui produit une fibre d’une qualité permettant les teintures naturelles. C’est le salon de la tradition mais aussi de l’innovation avec par exemple les nouvelles technologies adaptées à la restauration des monuments ou des objets. Cela va de la cocasserie à la science la plus pointue. Des techniques rétro-répulsives éloignent les pigeons ravageurs de pierres anciennes. Des images de synthèse en trois dimensions restituent objets et monuments, l’amphithéâtre d’Arles ou la cathédrale d’Amiens, dans leur splendeur originale. Un détail froisse la commissaire du Salon, Jessie Westenholz : le mot «patrimoine», qui évoque surtout l’argent. Faudrait-il une autre dénomination ? Celle de «biens culturels» par exemple, comme disent les Italiens ? «Ce serait le bonheur, un salon qui nous ferait du bien !»


 Nicole Duault
07.11.2002