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Politique culturelle

Adieu Savignac

La vache Monsavon et le mouton Treca sont orphelins… Raymond Savignac s’est éteint, le 30 octobre, à l’âge de 95 ans. Dernier hommage à l’un des plus grands affichistes français.


Raymond Savignac, Monsavon
au lait
, 1950, 150 x 110 cm.
© ADAGP.
Une charmante vache rose laissant couler de ses pis le célèbre Monsavon au lait, un crâne d’homme migraineux traversé par une file de voitures bruyantes (Aspro), une moitié de bœuf humant les effluves du Pot-au-feu Maggi, toutes ces images créées par l’affichiste Raymond Savignac ont transfiguré les couloirs de métro et les murs de nos grandes villes. Né à Paris en 1907, il arrête ses études à 15 ans pour entrer à la Compagnie des transports parisiens comme dessinateur-calqueur. En 1935, il collabore avec Cassandre qui lui confie sa première affiche pour le roquefort Maria Grimal. La carrière de Savignac est lancée. En 1949, il dira : «Je suis né à l’âge de 41 ans, des pis de la vache Monsavon». Consacré Grand prix de l’Affiche en 1951, l’artiste ne cessera de surprendre par l’humour et la simplicité de ses mises en scène : le zèbre de Cinzano, la gitane de la Régie française des tabacs ou le petit homme à tête d’œuf des stylos Bic restent, aujourd’hui encore, emblématiques de ces marques.

«L’affiche est fille des rues»(Savignac)
En quarante ans, l’artiste créé plus de six cents affiches, les décors et les costumes de L’Avare (1969) à la Comédie française, les peintures murales de l’hôtel Flaubert de Trouville. En 1982, le Musée de l’affiche de Paris lui consacre une première rétrospective. L’année dernière, malgré son âge avancé, il réalisait sa propre affiche pour l’exposition de la Bibliothèque Forney (11 sept. 2001 - 26 janv. 2002) et participait, avec les meilleurs graphistes affichistes du monde, au «Nouveau Salon des Cents» (Centre Pompidou, 7 nov. - 17 déc. 2001) en hommage à Lautrec. La baronne de Rothschild détient probablement une des dernières commandes faites à l’artiste : l’étiquette du Château Mouton-Rothschild 1999, sur laquelle l’artiste a représenté un bélier chassant à grands coups de sabots ce dernier millénaire.


 Stéphanie Magalhaes
12.11.2002