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Expositions

L’âge d’or hollandais

Une centaine des plus beaux dessins de la collection de Maida et George Abrams sont présentés à l’Institut néerlandais de Paris.


Rembrandt van Rijn (1606-1669),
Ferme sur l’Amsteldijk, plume
et encre brune, lavis brun, collection
Maida et George Abrams.
© By the President and Follows of
Harvard College.
PARIS. Paysage boisé avec la mer à l’horizon : ce dessin à la plume, encre brune, pierre noire rehaussé de gouache blanche est signé Pieter Bruegel l’Ancien (1525-1569). Sur ses soixante et une œuvres graphiques, on ne connaît que deux travaux de la main de l’artiste sur papier bleu, dans la tradition vénitienne. À cette tradition du paysage nordique, Paul Bril (1554-1626) ajoute une note italianisante : des sous-bois, une nature sauvage, des personnages discrets, un étagement des plans et une ligne de fuite ouvrant sur un horizon lointain. Au XVIIe siècle, le dessin cesse d’être uniquement un moyen d’étude. Au croquis à la plume, Hendrick Avercamp (1585-1634) préfère les dessins aquarellés qu’il vendait comme des œuvres à part entière aux collectionneurs. Prenons l’exemple d’une scène de pêche, où rien n’est laissé au hasard : les sabots du paysans sont accrochés à son pantalon, une cruche sèche sur un poteau en bois tandis qu’on distingue des cavaliers et des promeneurs au loin.

Rembrandt, maître du dessin
À côté des croquis de figures - Vieil Homme avec un bâton et Tête de jeune femme - et des recherches d’expressions - Zacharie et l’Ange -, la méticulosité de Rembrandt (1606-1669) s’exprime aussi dans des paysages comme La Ferme de l’Amsteldijk ou La Maison sur la Schinkelweg. Nommé maître à 18 ans, l’artiste ouvre son premier atelier à Leyde avec Jan Lievens. Grâce à ses nombreux élèves, on connaît les principes de son enseignement : les contours devaient être tracés d’un trait discontinu afin de laisser passer la lumière, les ombres posées dès le début, tandis que les teintes du papier intervenaient dans la composition. Les œuvres graphiques des artistes comme Hendrick Goltzius (1558-1617), Jacob Van Ruysdael (1628-1682) ou Willem Van de Velde le Jeune (1633-1707) témoignent de l’importance que prend le dessin dans ce siècle d’or hollandais. Tout comme Caton apprenait le grec à 80 ans, Adrian Van Ostade (1610-1685) abandonne la peinture à 60 ans pour se lancer dans des dessins coloriés à la gouache qui ont fait le bonheur des collectionneurs…


 Stéphanie Magalhaes
12.11.2002