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Expositions

Dieuzaide, une valeur sûre

Reportage, nature morte, paysage, portrait... Cinquante années de photographie sont passées en revue.


Jean Dieuzaide, Manifolds, Sahara,
1964, 30 x 40 cm.
© Atelier Jean Dieuzaide.
PARIS. Quelques jours avant le début du Mois de la Photo s’est ouvert discrètement une rétrospective Jean Dieuzaide au Pavillon des arts. Le fait que cette exposition ne figure pas dans le programme officiel de la manifestation n’est peut-être pas un hasard. Elle est de toute évidence hors mode. Jean Dieuzaide fait aujourd’hui partie de l’histoire de la photographie française, mais il en a écrit une page un peu particulière. Reporter attentif à tous les événements qui comptent dans la région de Toulouse - auquel son nom est étroitement associé -, il opère dans des domaines qui le mènent de la couverture de l’actualité à celles des manifestations sportives, en passant par les innovations industrielles. Jean Dieuzaide a un œil qui le distingue des autres et, très vite il va se rapprocher des créateurs qu’il admire, les Weston et Smith par exemple. À tel point qu’il ne résistera pas au désir de créer à Toulouse un très original espace d’exposition installé dans un ancien château d’eau pour faire connaître leur œuvre, et d’animer avec son ami Lucien Clergue les Rencontres d’Arles. Dieuzaide mène de ce fait trois existences photographiques : son métier qui le fait vivre, sa création personnelle et son château d’eau. Et il s’y épuise totalement : ceux qui l’ont rencontré, ne serait-ce qu’une seule fois, ont mesuré la vigueur de cette formidable passion.

Rigueur et composition
Son fils Michel Dieuzaide, qui a pris pendant quelques années sa succession à la tête du Château d’eau, a conçu une rétrospective qui rend hommage à toutes les facettes de la photographie de son père. Y compris des expériences qu’il menait en marge, par exemple dans le domaine de la tapisserie ou de la sculpture. Mais cette exposition, tout en étant extrêmement variée, est loin d’être confuse. Elle retrace, en deux cents images, différentes pratiques, à différentes époques. Et du reportage à la nature morte, en passant par le paysage et le portrait, Jean Dieuzaide manifeste toujours une grande rigueur dans le cadrage, la composition, le choix des lumières. Ses tirages - la plupart de ceux qui sont exposés ont été réalisés sous son contrôle - servant cette rigueur, cette exigence. On regrettera quelques faiblesses dans le choix des encadrements ou la manière d’organiser certaines séquences, mais la présence de l’auteur, sa foi en la photographie, son goût de l’expérience sont toujours perceptibles.


 Gabriel Bauret
14.11.2002