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Marché

Bruxelles : Sotheby’s devra payer

La maison de ventes vient d’être condamnée par la Commission européenne pour la politique de cartel menée avec Christie’s dans les années 1990. Elle a annoncé que les 20 millions € de l'amende sont déjà provisionnés.


Alexej Von Jawlensky,
Halbakt, vers 1912.
huile sur toile.
Sotheby’s s’exécutera. Ses dirigeants ont immédiatement fait savoir que l’amende de 20,4 millions € (soit 6 % du chiffre d’affaires annuel), prononcée le 31 octobre, par la Commission européenne, serait honorée. Bill Ruprecht, le président-directeur général s’est d’ailleurs félicité de la réduction de 40% sur le montant maximal qui aurait pu être imposé (10% du chiffre d’affaires) par le commissaire à la concurrence, Mario Monti. Sotheby’s recueille ainsi les fruits de sa collaboration avec les autorités européennes. Des fruits au goût amer, cependant : Christie’s, qui avait dénoncé avant sa rivale leurs pratiques communes, s’en sort sans bourse délier… Christie’s et Sotheby’s étaient accusées d’avoir abusé jusqu’en 2000 de leur position dominante sur le marché pour augmenter artificiellement le montant des commissions prélevées sur les vendeurs. Entre autres griefs, elles auraient également imposé à leurs clients des modalités de paiement défavorables.

Ambiance électrique à New York
L’amende de la Commission européenne arrive à un moment délicat pour Sotheby’s. Elle fait suite à une condamnation pour les mêmes motifs aux États-Unis d’un montant de 45 millions $. L’ancien président et principal actionnaire de la société, Alfred Taubman, qui aurait rencontré son homologue de Christie’s, Alfred Tennant, plus d’une dizaine de fois entre 1993 et 1996, pour définir les modalités de leur entente, a été lui-même condamné à une amende de 7,5 millions $. Il purge actuellement une peine d’emprisonnement d’un an ferme aux États-Unis. Après s’être démis de ses fonctions de président, il a rendu publique son intention de vendre ses parts. Alors que les grandes ventes automnales d’art moderne et contemporain à New York approchent, les commentateurs soulignent que l’on a rarement vu une telle abondance d’œuvres sur le marché et une telle similitude entre les vacations des deux grandes maisons. Les garanties concédées aux vendeurs seraient plus nombreuses qu’à l’habitude et des facilités leur auraient été accordées pour se retirer in extremis de la vente, en cas d’événement majeur. Le marché est nerveux et certains prêtent à François Pinault les mêmes intentions qu’à Alfred Taubman : vendre.


 Rafael Pic
08.11.2002