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Marché

Trois siècles bien portés

Créé en 1663 par Colbert et réservé aux académiciens, il est à l’origine d’une longue lignée de manifestations.


Michel Pigeon, Clémentine, bois
polychrome tilleul, 90 x 40 x 32 cm.
© Salon des artistes français.
PARIS. «Le nom de salon a été repris par ceux-là mêmes qui ont en refusé le principe», souligne Christian Billet, jeune président du salon depuis deux ans, en rappelant la fondation par les Impressionnistes du «salon des refusés». Hormis les années de guerre et quelques vicissitudes, le salon a bravé toutes les tempêtes artistiques et critiques. «Exilé» comme d'autres porte d'Auteuil après les années glorieuses au Grand Palais, la Société des artistes français - plus de 1 000 adhérents actuellement - héritière du Salon, a, elle, été créée en 1881 par Jules Ferry en même temps que l'école laïque. «Il nous a mis en République en laissant les artistes gérer leurs affaires», précise Christian Billet. Ce n'est pas toujours facile. En témoignent les rapports orageux entre les gloires artistiques. Chaque année, le président et le bureau sont élus très démocratiquement par les sociétaires. Tout le monde est logé à la même enseigne, paie sa cotisation et expose une œuvre.


Michel Hamel, George Sand
huile 63x73 cm © Salon des
artistes français.
Classique et kitsch
Cette année, pour la 213e édition, mille artistes contemporains sont venus des cinq continents. L’Afrique est à l'honneur avec une sélection de vingt-quatre artistes, dont les talentueux Diako (Cameroun) et Charly Dalmeida (Bénin). Rester fidèle à la ligne du début - le classicisme - en le conciliant avec le modernisme dans l'air du temps devient un exercice périlleux, mais qui tient parfois du grand écart. Fragonard, Ingres, Manet, Millet, Puget, Delacroix, Rodin, Sisley, Picabia qui y exposèrent naguère se retourneraient peut-être dans leurs tombes en voyant quelques tableaux ou sculptures kitschissimes. Mais l'éclectisme est voulu par le président qui aime «chahuter les genres». Cette diversité - avec une mention spéciale pour la qualité en gravure - favorise le rôle de découvreur traditionnellement dévolu à cette vénérable institution. Même si l'époque du XIXe siècle, où les artistes qui décrochaient une médaille d'or au salon voyaient leur carrière tracée à vie, est révolue, il arrive que la FIAC vienne dénicher ici de nouveaux talents, comme Laurent Dauptain. Et la tradition de salon à jury avec des médailles instauré par Jacques Louis David (1748-1825) reste bien vivace. En témoigne le foisonnement de récompenses d’or et d’argent décernées chaque année...


 Brigitte Camus
16.11.2002