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Où est passé le Pignon ? (suite)

L’artiste Ernest Pignon-Ernest, qui inaugure cette nouvelle rubrique, répond à notre article paru dans le numéro 2.


Ernest Pignon-Ernest, dessin associant
Desnos et Nerval, «enlevé» rue Alfred
Adam (près de l’endroit où le poète maudit
s’est pendu). Premier dessin du parcours
«Desnos». © Ernest Pignon-Ernest.
J’ai été surpris que vous signaliez la disparition des œuvres que j’avais, dans les années 70 et 80, offertes à la fédération de Paris du PCF ( 2 ou 3, je ne sais plus vraiment). Pour être équitable : il s’est produit des «détournements» du même ordre pour des œuvres offertes à d’autres organisations à l’occasion de différentes initiatives de solidarité... Mais votre titre m’a fait penser à d’autres œuvres disparues. Vous saurez probablement que «j’interviens» en collant dans les rues sérigraphies et dessins. Le dernier collé à Paris était un grand dessin (6 m x 3 m) à la pierre noire qui était la première étape d’un parcours «Desnos» que j’envisage de poursuivre à travers Paris. J’avais collé ce dessin au dos du Théâtre de la Ville à quelques mètres du lieu où Nerval s’était pendu... Ce dessin est resté là 5 ou 6 mois jusqu’à ce que - en mai dernier - Art Press en publie la photo pour accompagner quelques pages d’entretien que j’avais eu avec Jacques Henric. Trois jours après cette publication et malgré la difficulté (il était collé à 7 mètres de haut et comportait plusieurs éléments), l’ensemble du dessin et douze petites sérigraphies ont été décollés et emportés. Cela a été réalisé avec du matériel de pros (décolleuse et élévateur). Rien n’a été déchiré, il ne restait pas 1 cm2 de papier. Bien sûr, la disparition, la dégradation de mes images font partie de mon travail et cela ne me pose évidemment pas de problème, ça fait partie de la proposition. Ce qui est un peu gênant ici c’est que cet «enlèvement» a un caractère spéculatif. Ces dernières années, plusieurs de mes sérigraphies décollées de la rue sont passées en salle des ventes et on a proposé à la vente récemment les images que j’avais collées il y a 2 ans dans les cabines téléphoniques. Cela ne m’empêche pas de continuer : je viens de coller 250 sérigraphies à Soweto, au moins là-bas, elles restent plus longtemps, personne ne me connaît.


 Ernest Pignon-Ernest
25.11.2002