Home > Le Quotidien des Arts > Images d’Afrique

Expositions

Images d’Afrique

Le Musée international d’art modeste présente des affiches de cinéma peintes du Ghana.


Mauvais garçons, photo Pierre
Schwartz. © La Pop Galerie.
SÈTE. Des affiches de cinéma ? Si ce n’est quelques titres connus ou quelques visages ressemblant vaguement à des acteurs célèbres, rien ne permet d’identifier cette centaine de toiles peintes provenant du Ghana (Afrique de l’Ouest) et représentant des mondes fantastiques. Habitué aux affiches standard des grandes productions, papier glacé et photographies, l’œil occidental ne retrouve pas son univers référentiel habituel. Faute de tirage offset, les Ghanéens réalisent leurs propres enseignes publicitaires de film avec les moyens du bord : vieux sacs de farine de blé (toile de jute) et peintures industrielles. Importés de Hollywood, d’Inde, de Hong Kong ou produits en Afrique, ces films - généralement de catégorie B - d’action, de science-fiction ou d’horreur sont diffusés dans des vidéo-clubs de fortune équipés d’une télévision et d’un magnétoscope.

Des œuvres inclassables
Kitsch pour certains, traditionnelles pour d’autres, ces enseignes aux couleurs éclatantes, aux compositions simples, qui jouent sur les changements d’échelle et utilisent les codes de la bande dessinée (fumées, éclairs, yeux exorbités…) pour amplifier les effets d’horreur sont des petites merveilles. Pour illustrer Anaconda, l’artiste représente au premier plan un gigantesque serpent crachant son venin et étouffant un homme au visage torturé. Pour Highway to the Grave, il mêle l’imagerie chrétienne à des références vaudou et s’inspire des clichés hollywoodiens. Des personnages fantastiques, chèvre à tête de femme, sirènes, monstres, diables peuplent aussi les affiches telles que Docteur DooLittle (avec Eddy Murphy), Starship Troopers ou Hercules in the underworld (avec Anthony Quinn). Au premier étage du musée, les affiches de films culte réalisées par un fanatique du cinéma, Guy Brunet, habitant de l’Aveyron, viennent compléter cette panoplie. «C’est pour ce genre d’œuvres marginales et périphériques, inclassables dans les domaines de la création contemporaine (…) que le terme art modeste a été inventé et que le MIAM, Musée international des arts modestes, a été créé», commente Hervé Di Rosa, le président de l’Association de l’art modeste. Après le musée, les objets, la sculpture, les caravanes, le jardin, la modestie s’étend au cinéma. Bientôt la photomodeste ?


 Anouchka Roggeman
22.11.2002