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Expositions

Trois machines célibataires mises à nu

Le musée Niépce présente d’étranges appareils : futuristes à leur époque, ils n’ont jamais connu le succès commercial.


Claudius Givaudan assis sur
la machine de photosculpture.
© Musée Nicéphore Niépce.
CHALON-SUR-SAÔNE. Avant d’accéder à l’exposition, le visiteur traverse les salles consacrées à l'histoire de la photographie. Là, surprise : d'innombrables personnages en peluche, des arabesques peintes sur les cimaises, différentes ambiances sonores et lumineuses agrémentent son parcours. Pendant deux mois, l'artiste Charlemagne Palestine a investi le musée et ses collections. Bouleversant la configuration des lieux, il s'est aussi livré à quelques accrochages de guingois autour de thématiques diverses (le portrait, les clichés de Levi Strauss, le constructivisme, la photo en relief…). Un ensemble poétique et amusant qui contraste avec les dispositifs techniques complexes présentés un peu plus loin.

Des inventions sans lendemain
L'exposition confronte trois machines dites «célibataires», car restées à l'état de prototype et n'ayant jamais rencontré la réussite commerciale. La première n'a comme lien avec la photographie que le nom de son inventeur. En 1807, Claude et Nicéphore Niépce mettent au point un petit bateau doté d'un moteur à combustion interne et à injection. Le pyréolophore, ancêtre du moteur à explosion, est une véritable performance technique, mais un échec commercial retentissant. Trente ans après la naissance de la photographie, plusieurs scientifiques se penchent sur le problème de la reproduction tridimensionnelle d'objets ou de formes humaines. En 1926, l'ingénieur Claude Givaudan présente sa propre machine de «photosculpture». Le sujet s'y assied dans un confort tout relatif et son profil est photographié en tranches successives. Les plaques de métal, découpées et superposées, permettent d'obtenir un bas-relief. Les notables de l'époque se font volontiers «photosculpter» mais l'engouement est éphémère. Plus proche de nous, Jean-Michel Verret révolutionne la prise de vue panoramique en inventant, en 1987, le «robot photographique pour la vision globale à 360°». Le procédé permet de recréer des espaces extérieurs au sein d'espaces confinés et de donner au spectateur l'illusion de se trouver dans le paysage transcrit. On pourra, par exemple, découvrir la reconstitution du hall du Grand Palais dans un petit habitacle. Autant d’inventions un peu folles qui raviront les curieux. Et qui, surtout, rappelleront combien l'univers de la photographie était et reste lié aux sciences et aux techniques.


 Jean-Emmanuel Denave
05.12.2002