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Couverture du livre, installations d'Arcs, Théâtre national de Brasilia, Brésil


Bernard Venet, l’acier sous toutes ses formes

Depuis 1963, cet hommé né dans les Alpes de Hautes Provence sème de monumentales sculptures métalliques. Retour sur son parcours...

Il est des œuvres complexes à décrypter. Celle du sculpteur Bernar Venet (1941- ) pourrait en faire partie si l’artiste acceptait de se soumettre à l’analyse. Mais voilà, il refuse le jeu trop souvent outrancier de la parole. « L’interprétation est la revanche de l’intellect sur l’art. Plus, c’est une vengeance de l’intellect sur le monde. Interpréter, c’est appauvrir le monde – afin de lui substituer un monde fantôme de "significations" ». Cette citation de Susan Sontag traduit bien l’esprit de Venet même si l'artiste a parfois préféré expliquer son travail pour aller à l’encontre des dérives interprétatives. Dès lors, n’était-il pas risqué de lui consacrer un nouvel ouvrage ? Deux historiens d’art se sont pourtant prêtés à ce jeu : le célèbre critique italien, Achille Bonito Oliva, qui signe la préface et un universitaire, spécialiste de la sculpture du 20e siècle, Arnauld Pierre.

Le résultat est intéressant sans doute parce que le parti pris n’est justement pas d’expliquer le travail de Venet mais plutôt d’y faire plonger le lecteur. Une immersion par l’image avant tout. Avec plus de 170 reproductions en couleurs, ce beau livre permet suivre le parcours de l'artiste de sa recherche d'une rigueur quasi-mathématique jusqu’à l'utilisation croissante du hasard. Des Tubes conceptuels exposés en 1966 à New-York auprès de leurs dessins préparatoires jusqu’aux Accidents, des installations où des barres d'acier appuyées contre un mur sont poussées pour provoquer un effondrement incertain. Il invite surtout à poser un nouveau regard sur les gigantesques barres d'acier brut formant des arcs, des angles ou des enroulements qui ont pour un temps investi le Champs de Mars et qui dominent tout au long de l’année un bâtiment d’Austin au Texas, une place berlinoise ou les quais du musée de Hong-Kong.


 Zoé Blumenfeld
08.10.2001