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Patrimoine

Trois jours pour les métiers d’art

Maître d’art, un métier d’avenir ? Pour revaloriser quelque 250 professions menacées de disparition, le ministère de la Culture lance les Journées des métiers d’art.


© Quentin Bertoux
Le Japon a ses trésors nationaux vivants. La France a ses maîtres d’art et Jean-Jacques Aillagon vient d’en officialiser, lundi 25 novembre, la dernière promotion. Elle rassemble Danièle Boutard (costumier pour le théâtre et le cinéma), Olivier Cottet (facteur d’instruments), Roland Daraspe (orfèvre), Marcelle Guillet (parurier en fleurs), Didier Morissonnaud (tisseur à bras) et Philippe Rault (facteur de cuivres et de percussions). Ces maîtres d'art sont des professionnels reconnus par leurs pairs pour l'excellence de leur savoir-faire. Un savoir-faire qui, dans bien des cas, est en sursis. Il s’agit là d’un patrimoine immatériel, dont la transmission relève de l'apprentissage du geste ou de l'acquisition de véritables secrets d'atelier. Image anachronique du travail manuel, coût de la main d'œuvre, délocalisation de certaines productions - notamment dans le secteur textile - ou insuffisance des dispositifs d’aide à la recherche et à l'innovation technologique sont autant de facteurs qui fragilisent la conservation de ces disciplines. «Malgré la fragilité de ces métiers et la dureté des temps, je suis persuadé que les maîtres d'art montrent le chemin de l'avenir», explique, optimiste malgré tout, Etienne Vatelot, luthier renommé et président d'honneur du Conseil des métiers d’art. C’est pour aider et revaloriser ces professions que cet organisme a été créé en 1994. Il sélectionne les meilleurs artisans d’art et les investit de la responsabilité de transmettre leur savoir-faire à un élève de leur choix pendant trois ans, grâce à une allocation annuelle de 15 000 €. Depuis 1996, cinquante maîtres d’art ont été désignés, dans des secteurs aussi variés que la taille de pierre (Jacques Beaujoin), la marqueterie de paille (Lison de Caunes) ou la reliure (Renaud Vernier). Plus de quarante élèves ont été formés, dont beaucoup ont ensuite créé leur propre atelier. Ces premières Journées des métiers d’art, dont la coordination a été confiée à la Société d'encouragement aux métiers d'art (SEMA), se tiennent à Paris et dans une quinzaine de régions. Elles sont inspirées des Journées du patrimoine et permettent de visiter des ateliers (deux mille dans toute la France), de rencontrer des artisans, d’assister à des démonstrations dans cent cinquante lycées professionnels. Mais aussi de voir, région par région, la production des spécialistes : celle des facteurs d’instruments en Alsace, des sigilloplasticiens à Bourges, des ferronniers à Dun-sur-Auron, dans le Cher, des créateurs verriers à Bordeaux… Cette action suffira-t-elle à sensibiliser les jeunes à une formation «différente» ? Peut-être pas mais elle donnera au moins l’occasion de montrer la richesse, sinon la vitalité, d’un secteur qui regroupe près de 30 000 personnes, pour un chiffre d’affaires annuel de plus de 3,2 milliards €.


 Muriel Carbonnet
29.11.2002