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Marché

Weisweiler, avec un L, sinon deux

Beaussant-Lefèvre disperse le mobilier de lointains descendants de l’ébéniste de Louis XVI qui gardaient, entre leurs murs, quatre meubles de leur célèbre ancêtre.


Georg Joris Hoefnagel, Scène
mythologique et nature morte
,
gouache sur velin marouflée
sur panneau, 17 x 22 cm,
estimation : 40 000 / 50 000 €.
© Beaussant Lefèvre.
PARIS. L’hôtel du 4, place des États-Unis a été construit à la fin du XIXe siècle par les Deutsch de la Meurthe, un riche couple de mécènes à l’origine de la fondation de la Cité universitaire de Paris. Durant l’occupation allemande, les locaux ont été transformés en maison de rendez-vous et les murs recouverts de glaces sans tain. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, c’est leur petit-fils Alec Weisweiller qui s’y installe. Le nouveau propriétaire décide de faire appel à un décorateur, Barroux, entre autres chargé de reconstituer un ensemble de meubles estampillés de son ancêtre - avec un seul L -, Adam Weisweiler. Cette austérité devait être rompue à la demande de son épouse qui fit intervenir Madeleine Castaing. Cette dernière introduisit parmi les boiseries du XVIIIe siècle un canapé borne capitonné de velours rouge de style Napoléon III, un lit à baldaquin en laiton à bagues feuillagées ou un grand lustre en forme de corbeille en fil de fer laqué noir.

Des meubles Louis XVI et une gouache d’Hoefnagel
Ces trois meubles ainsi que quatre-vingts autres lots d’arts décoratifs, de dessins et de tableaux anciens provenant de cette résidence seront dispersés cette semaine par l’étude Beaussant-Lefèvre. Les principaux sont bien sûr signés de l’ébéniste «familial», rival de Riesener. Il s’agit de deux commodes en placage d’acajou ornées de filets de houx, d’ébène et de moulures de laiton (50 000 et 80 000 €), d’une petite table aux pieds fuselés (80 000 €) et d’un bureau plat avec une large tirette en façade, une forme assez rare pour Adam Weisweiler (80 000 €). L’autre petite merveille d’époque Louis XVI, porte l’estampille de Charles Topino : un petit bonheur-du-jour marqueté de dix bouquets fleuris et orné de bas-reliefs en bronze ciselé (40 000 €). D’autres pièces devraient créer la surprise : un lustre à douze bras de lumière aux pendeloques et plaquettes en cristal de roche (20 000 €), une coupe en porcelaine turquoise sur une monture proche de celles de Pierre Gouthière (2 000 €) et une gouache sur velin de Joris Hoefnagel, l’un des derniers miniaturistes de l’école hollandaise (40 000 €).


 Zoé Blumenfeld
18.12.2002