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Expositions

Della Robbia : cherchez la femme

La grande famille de céramistes florentins tente de répéter à Sèvres le succès qu’elle a récemment rencontré à Nice.


Atelier ou suite d’Andrea della
Robbia, La Vierge adorant
l’Enfant
, relief, terre cuite
émaillée, en six éléments.
© Compiègne, Musée Vivenel
(dépôt du Louvre).
SÈVRES. L’histoire des Della Robbia est une grande épopée familiale : après un stage chez un orfèvre, Luca (1400-1482) se consacre à la sculpture et devient célèbre. Il signe notamment les bas-reliefs en marbre de la cantoria de la cathédrale de Florence. Son succès, il le doit à la mise au point d’un procédé : la sculpture en terre cuite émaillée. Cette technique permet de réaliser des œuvres qui résistent aux variations climatiques et thermiques. Ces pièces sont solides, brillantes, bon marché et bénéficient de l’éclat de la couleur. Armoiries placées sur la façade des édifices civil ou mobiliers liturgique et retables des églises humides de campagne, les commandes affluent. Soixante pièces sont présentées dans deux salles couleur prune, qui aident à faire ressortir les reliefs et les couleurs de la céramique émaillée. Il y a là des éléments de décor architectural, des retables, de petites sculptures représentant la Vierge à l’enfant, les apôtres, les saints, les anges ou encore le Christ. Beaucoup de ces pièces ont été restaurées pour l’occasion.


Andrea della Robbia « le Jeune »
?, Tête de Séraphins,
reliefs, terre cuite émaillée.
© Musée du Louvre.
Les Médicis, des adeptes
Le neveu de Luca, Andrea (1435-1525), lui succède, assurant ainsi continuité et cohérence à la production de l’atelier. Il développe un style plus éclectique. Ses cinq enfants le rejoignent, augmentant la diffusion des œuvres et modernisant les compositions. Parmi les nombreux clients figure notamment la famille des Médicis. La saga s’achève lorsque le secret de fabrication est divulgué par une des femmes de la famille à Benedetto Buglioni qui ouvre un atelier rival et finit par évincer la bottega (l’atelier-boutique) des Della Robbia. À Nice, cette exposition a reçu près de 100 000 visiteurs. Pour Marc Bormand, conservateur au département de sculptures du Louvre, il n’y a pas de doute : «La Renaissance attire le public. La sculpture aussi». Reste à savoir si ce succès inattendu était dû à la qualité de l’ensemble exposé ou à la proximité des œuvres de Marc Chagall. L’étape de Sèvres permettra d’affiner le jugement…


 Christel Pigeon
18.01.2003