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Marché

Vallauris, hormis Picasso

L’étude Cannes Enchères disperse une importante collection privée de céramiques de la cité provençale.


François Raty, Pichet en terre
rouge de Vallauris
, 34,5 cm
© Cannes Enchères
CANNES. Le nom de Vallauris est trop souvent rattaché à la seule production céramique de Picasso. Il est indéniable que la collaboration du maître avec l’atelier Madoura incita de nombreux artistes à lui emboîter le pas. Comme l’explique Michèle Barranger-Scotto, l’expert de la vente, c’est ainsi que le Vallauris d’après-guerre devint une sorte de «centre de l’aristocratie artistique lié au passage de célébrités qui ont mis la main à la terre, tels Matisse, Brauner, Chagall, Miro, Lurçat, Cocteau, Masson, Pignon ou Prinner». Cependant, la poterie n’a pas attendu les années 1950 pour s’y développer. Grâce à un sous-sol riche en terre argileuse et réfractaire, la ville est devenue un important centre artisanal dès le XVIIIe siècle. Au début du XXe siècle, alors que les fabriques de poterie culinaire subissent de plein fouet la concurrence de la fonte et de l’aluminium, apparaissent les premiers ateliers de «céramique d’art», lancés par Massier ou Milazzo. Ils fleuriront des années 1950 aux années 1970, donnant naissance à des créations extrêmement variées.

Six cents pièces, cinquante ateliers
C’est à cette production que les ventes des 19 et 21 janvier rendent hommage en dispersant une collection privée de céramiques issues d’une cinquantaine d’ateliers de Vallauris. Organisée par Maître André Appay, elle se déroulera à Cannes. «Si j’ose dire, on rend enfin à César ce qui appartient à César !, remarque Michèle Barranger-Scotto. Car, jusqu’à présent, les ventes de céramiques de Vallauris étaient organisées ailleurs plutôt que dans le département». Plus de quatre cent cinquante objets seront proposés lors de la vente cataloguée et une centaine supplémentaire lors de la seconde vacation. Leurs estimations vont de 50 €, pour les petites pièces courantes, à 3 500 € pour des pièces d’artistes de renom. On verra ainsi se succéder sous le marteau les créations d’ateliers au succès bien établi, comme celles de Gilbert Portanier, Roger Capron ou Jacques Innocentini, ainsi que des œuvres de René Maurel, Raty, Besson ou Kostanda, moins connues du grand public.


 Zoé Blumenfeld
18.01.2003