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Expositions

Poésie de l’infiniment petit

La peinture des cours indiennes du XVIe au XIXe siècle ? Un traité de politique et de sensualité…


Miniature indienne, parchemin
© San Diego Museum of Art.
NICE. Art majeur en Inde chez les râjpoutes et sous l’influence moghole, la miniature est le reflet d’une civilisation et de ses croyances profondes. Soixante-dix œuvres présentées pour la première fois en France montrent comment des scènes de la vie quotidienne, dans cette société polythéiste, rassemblent des thématiques que le musée répartit en trois volets. Le premier s’attache à nous peindre la vie du souverain dans son palais. On le voit dans l’exercice du pouvoir entouré de sa famille et de ses sujets. Dans des scènes de chasse, portraits, toilette, fêtes, réunions entre nobles, il est le centre du tableau. Le second nous conduit dans de luxuriants jardins, où les amoureux partagent leurs désirs. Les scènes variées, teintées d’érotisme, témoignent toujours du triomphe de l’expérience des sens. En troisième lieu, les dieux font leur apparition. Krishna, surtout, qui excelle dans le domaine de l’amour.

des amours exacerbés
La collection, léguée par le collectionneur américain Edwin Binney III au San Diego Museum, se découvre comme de petits trésors colorés qu’il faut regarder minutieusement. Elle se lit comme le livre de la rencontre entre le terrestre et le cosmique. La sensualité qu’elle exhale nous mêle à des amours humains et divins exacerbés. Ces gouaches techniquement ramarquables sont réalisées sur papier, réhaussées d’or, dans de petits formats : 18,9 x 13,3 cm pour Râdhâ se languit d’amour pour Krishna, 12 x 7 cm le plus petit. Le plus grand (86,4 x 51,6 cm), Râna Jagat Singh II chassant le tigre à Nahar Magara, représente un tigre peint une quinzaine de fois dans les différentes étapes de sa capture. Il faut, dans cet étonnant parcours, donner la part belle aux jeux des regards. Ils ne sont pas là pour architecturer l’œuvre, mais pour nous inviter dans un monde de confidences ouatées, de secrets d’alcôve et parfois d’humour.


 Sophie Braganti
29.01.2003