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Marché

Pluie de dollars sur Palm Beach

En six éditions, le salon des antiquaires local est devenu un Maastricht miniature : une soixantaine de galeries de haut standing et la clientèle la plus fortunée du monde…


Henri Dubret, plaque de cou,
or jaune, émaux, diamants
et émeraude, c. 1900.
© Véronique Bamps.
PALM BEACH. Le groupe anglais DMG, qui en a pris le contrôle il y a 18 mois, n’a pas l’intention de modifier un salon qui marche… «Nous souhaitons conserver cette dimension intimiste, explique Mark Carr, le vice-président du département art et antiquités chez DMG, dépêché auprès des époux Lester, les fondateurs de la manifestation. Il n’y a pas plus d’une soixantaine de galeries mais ce sont les meilleures, comme Noortman, Axel Vervoordt ou Ariadne de New York, qui nous a rejoint cette année. Les candidats doivent avoir déjà participé à l’une des grandes manifestations au niveau mondial (la Biennale parisienne, Maastricht, Grosvenor, etc.) ou faire partie d’une association professionnelle reconnue comme le Syndicat national des antiquaires en France ou la British Dealers Association. En dix jours, nous recevons environ 20 000 visiteurs mais ce sont tous des gens à très fort pouvoir d’achat. Il y a notamment beaucoup de New-Yorkais qui viennent passer la saison d’hiver qui s’étend de début janvier à fin mars.» Une appréciation qui est partagée par Véronique Bamps, de Bruxelles, qui en est à sa deuxième participation : «À Palm Beach, la moitié des magasins sont des bijouteries, l’autre moitié des boutiques de luxe. Je n’ai vu dans aucun autre endroit une telle concentration de richesse.»

Pléthore d’Anglais
Curieusement, les exposants américains ne sont pas majoritaires. Ils sont dix-neuf, dont Adelson Galleries, qui présente Study, New York, un tableau de John Marin de 1934 (2 millions $), et Ariadne, avec un torse en marbre (Rome, Ier siècle, 750 000 $), qui est une copie du célèbre Diadoumène de Polyclète. Les Britanniques sont au nombre de vingt-cinq, dont les poids lourds Richard Green ou Mallett, qui s’apprête à ouvrir un espace à New York. Viennent ensuite les Français, sept cette année : Cazeau-Béraudière, Fred, Atlan, Boulakia, De Vos, Martin du Louvre et Steinitz. Le mélange des genres est ici très bien vu : de la porcelaine chinoise d’exportation (Jorge Welsh, Londres) aux tapis, des livres aux sculptures (un Ours polaire de Pompon chez Martin du Louvre), en passant par le mobilier. C’est le point fort de la galerie Jacques de Vos, qui est un participant de la première heure. «Nous exposons aux trois foires de Palm Beach (celle-ci ainsi que Artform et Art Palm Beach). Nous avons tout essayé aux États-Unis, explique Rozen Le Nagard, Miami, Beverly Hills ou Dallas. Les résultats sont toujours meilleurs à Palm Beach… Nous présentons bien sûr de l’Art déco et nous avons recréé des atmosphères de l’époque avec un coin Dupré-Lafon, un coin Sornay, etc. La clientèle apprécie toujours autant et est capable de dépenser de grosses sommes.» On ne nourrit aucun doute sur sa capacité financière : pour le gala d’ouverture du 30 janvier, qui devrait rapporter environ 400 000 $ au Norton Museum of Art, le ticket d’entrée était à 5 000 $…


 Rafael Pic
30.01.2003