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Patrimoine

Un mémorial Jean Moulin à Caluire

La maison où Jean Moulin a été arrêté en 1943 deviendra un musée.

LYON, 1er déc (AFP) - En juin 2003, 60 ans après la rafle de Caluire, la maison du docteur Frédéric Dugoujon, où fut arrêté Jean Moulin, alias Max, en compagnie de sept responsables de la Résistance en zone sud, devrait devenir un musée destiné à perpétuer la mémoire de l'unificateur de la Résistance. "Cela fait 50 ans que je l'espérais", a déclaré le docteur Dugoujon, 88 ans, dernier survivant avec Raymond Aubrac de la réunion de Caluire (Rhône), dans les faubourgs de Lyon, qui eut lieu le lundi 21 juin 1943. Les deux hommes ont assisté vendredi après-midi au vote, unanime, des conseillers généraux du Rhône qui ont approuvé le programme d'aménagement pour un budget de 640.285,87 euros (4,2 MF). "C'était symbolique de ce qu'a fait Jean Moulin pour notre pays", a noté Raymond Aubrac, ému, soulignant que l'envoyé spécial du général de Gaulle, mort sous la torture peu après son arrestation, avait "construit l'unité de la France". L'année dernière, le département avait signé un bail, assorti d'une promesse de vente, avec la propriétaire pour récupérer le bâtiment que le docteur Dugoujon avait dû délaisser, il y a quelques années, pour une maison de retraite. De temps en temps, cependant, le lieu s'animait. "Chaque fois qu'il y a une manifestation du souvenir, j'ouvre tous les volets, la dernière fois c'était le 11 novembre", explique le conseiller général du canton, Bernard Roger-Dalbert.

Les "espaces muséographiques" se situeront dans la salle d'attente, au rez-de-chaussée, et dans la chambre du docteur, au premier étage, les deux pièces où la Gestapo, sous les ordres de Klaus Barbie, procéda à la rafle des participants. Une visite chronologique devrait aborder successivement "la Résistance avant le 21 juin 1943", "la réunion de Caluire" et "la Résistance après l'arrestation". Selon Gisèle Pham, historienne locale qui a participé à l'élaboration du projet, le futur musée, qui en raison de sa dimension ne pourra accueillir plus de 20 personnes par visite, permettra de "faire des constats sans entrer dans les polémiques". Depuis le procès de Klaus Barbie, en 1987 à Lyon, plusieurs livres relancent régulièrement la polémique sur l'"énigme de Caluire": qui a trahi Jean Moulin ? Dans un livre paru il y a deux ans, l'ancien secrétaire de Jean Moulin, Daniel Cordier, avait réaffirmé la culpabilité du seul participant qui avait pu s'échapper, René Hardy, trahison qui avait été remise en cause à l'automne 1998 par l'historien Jacques Baynac. Pour Mme Pham, il s'agit avant tout de "faire de ce lieu de mémoire un lieu de civisme, où seront professées les valeurs de la Résistance et de la République qu'il faut redonner à nos enfants qui, comme vous le savez, sont malheureusement en perte de références". Si tout se passe bien, les travaux seront terminés en juin 2002 et le musée aménagé un an après, pour les 60 ans du guet-apens de Caluire.

Par François BOUGON

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  AFP
04.12.2001