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Expositions

Notre homme à Bamako

Malick Sidibé, qui vient de recevoir le prix Hasselblad, dessine son parcours à partir d’images inédites.


Maleck Sidibé, Femme de dos
© Maleck Sidibé
ANGERS. Onze femmes noires en robe blanche accueillent le visiteur : un cliché de 1971. Malick Sidibé avait alors 35 ans. Treize ans plus tôt, il avait ouvert son studio à Bamako, spécialisé dans le portrait, après avoir été bijoutier, dessinateur d’enseignes puis commis chez Photo Service. Aujourd’hui, il est l’un des photographes africains les plus célèbres : il fait actuellement l’objet d’une rétrospective à la New Tate Gallery de Londres. Pour Angers, jumelée avec Bamako, il a sélectionné quatre-vingts photographies qui dressent le bilan de son aventure, essentiellement des inédits, à l’intimité particulière. Tous les tirages présentés, en noir et blanc, récemment réalisés en petit et moyen format dans un laboratoire parisien, sont titrés, de façon sobre, souvent poétique. Cigarette, moto et radio à l’honneur (1972), Le magicien invulnérable à la lame de sabre qui fait chanter la lame comme une cigale sur sa peau (1977), Les dernières funérailles de mon père par les chasseurs 33 ans après sa mort (1980), etc. La première salle est consacrée aux portraits de groupes, représentant surtout des amis. Accessoires et tissus imprimés leur donnent une allure pop. Mais la sérénité des visages, la dignité des attitudes en appellent à d’autres références. Ainsi songe-t-on, face à la Jeune fille Peul montrant son sac et le bracelet (1976), à une toile de Vermeer. Dans la seconde salle, les femmes et les enfants représentés sont nimbés de douceur, tandis que certains cadrages, soulignant la symétrie des corps ou des robes, transforment les sujets en compositions géométriques minimalistes. Dans la dernière salle, magiciens et chasseurs, photographiés en plein air, évoquent des traditions vives. Tout est beau.


 Françoise Monnin
18.04.2003