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Jeu des rois, roi des jeux. Le jeu de paume, Château de Fontainebleau - Réunion des Musées Nationaux


Une histoire de la paume

Un ouvrage fait le point sur un divertissement et son succès dans la France de l’Ancien Régime.

Entre démolition des salles de paume et disparition massive du sport, on ignore aujourd’hui presque tout de ce jeu qui a suscité les passions en France jusqu’à devenir l’un des symboles de l’histoire nationale par le truchement du serment fondateur de la Révolution française. Le catalogue de l’exposition qui se tient actuellement au château de Fontainebleau fait le point sur le sujet. À travers différents essais, majoritairement rédigés par des conservateurs, il restitue l’histoire de la paume ainsi que celle des salles royales les plus prestigieuses, dans les châteaux de Villers-Cotterêts, Blois, Ecouen, Saint-Germain-en-Laye, Versailles ou Fontainebleau....

Cette histoire complexe s’écrit en plusieurs temps. On y trouve, à l’origine, les jeux de balle antiques dont est indirectement issue la paume puis l’abandon de la longue paume, pratiquée en plein-air, pour la courte paume qui se joue en salle, sans doute pour éviter les dangers de balles perdues dans la ville... On voit se fixer les règles de jeu, les codes relatifs aux corporations des paumiers, les formes définitives des salles et des instruments comme le remplacement de l’esteuf, fait de bourre de poils ou d’étoupe de laine recouverte de peau de mouton, pour une balle confectionnée en drap serré par une ficelle. On en découvre la filiation avec le jeu de volant, la pelote ou le tennis. On en suit la progressive décadence...

Mais le plus fascinant, c’est sans doute l’engouement qu’a pu soulever ce jeu. Sport agréable, pratique recommandée par les pédagogues pour l’apprentissage des vertus morales, divertissement pour les spectateurs, objet de paris (le terme tripot désignait à l’origine des établissements de paume), il réunissait toutes les couches de la population. Il faut ainsi s’imaginer une femme joueuse émérite au 15e siècle, un cardinal de Richelieu se faisant construire une salle dans son château de Reuil et une multitude de princes passionnés maniant depuis l’enfance la raquette et le battoir. Ainsi Charles VIII qui se fit une blessure mortelle à la tête en allant assister à une partie dans le château d’Amboise ou François Ier qui se fit aménager une salle sur un bateau. Et dire que l’une des causes de l’abandon de la paume fut l’étiquette de la cour de Louis XIV qui interdisait aux hommes d’aller en chemise...


 Zoé Blumenfeld
23.10.2001