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Marché

Lampas brochés, deuxième moitié du XIXe siècle, dans le goût extrême-oriental, vers 1877, Musée Carnavalet 2002.


Les vieux matériaux des Hamot

L’ancienne maison de marchands d’étoffes, fournisseur du garde-meuble, disperse son fonds d’archives.

PARIS. «Vieux matériaux», dit l’étiquette d’un velours cramoisi italien tissé à la Renaissance et celle d’un lampas ottoman du XVIe siècle, entièrement broché de tiges bleues garnies de fleurs blanches. Ce terme apposé en 1894 par Georges et René Hamot, alors directeurs de la maison du même nom, témoigne de l’intérêt porté à ces étoffes anciennes, moins comme patrimoine que comme source d’inspiration. Pour les grands soyeux, lil est indispensable d’avoir une collection permettant de recopier d’anciens modèles avec, parfois, quelques modifications de dessin, d’armure ou de coloris. Les fabricants devaient satisfaire les «commandes spéciales» de clients privilégiés qui n’auraient pas toléré retrouver leurs étoffes ailleurs… Parmi eux, la marquise de Païva, dont l’hôtel, avenue des Champs-Élysées, était orné de tentures en velours de style Louis XIV, dont les arabesques vertes et bronzes se détachaient sur fond vieil or. Ce qui incita les Goncourt à railler ce «rêve de tapissier sans un morceau du passé».

Soieries de prestige
La maison, fondée en 1762, a cessé son activité après le décès de ses derniers propriétaires, en 1997 et 1999. Nombre de pièces importantes de sa collection ont été dispersées au cours des dernières années. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs rejoint des collections publiques : Mobilier national, Archives nationales, Musée historique des tissus de Lyon, Musée de la mode et du textile, Musée de la tapisserie d’Aubusson… Les 29 et 30 avril, les 5000 étoffes mises en vente ne constitueront pourtant qu’une première étape. «Le très gros reste à faire !, s’enthousiasme l’expert Xavier Petitcol. Il devrait y avoir cinq ou six ventes au total. Mais cela reste très difficile à évaluer car aucun inventaire complet n’a été réalisé auparavant». De ce fait, les lots retenus pour cette première ont été sélectionnés au hasard. Un hasard qui permet d’envisager la diversité de la production des Hamot : soieries dans le goût mauresque ou néo-gothique, garnitures de siège aux petits points fabriquées à Aubusson, étoffes modernistes abstraites créées pour les grands paquebots du début du XXe siècle… Estimées entre 200 et 10 000 €, ces pièces vendues sans prix de réserve devraient attirer collectionneurs et fabricants, pour que la création continue…


 Zoé Blumenfeld
29.04.2003