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Expositions

L’art dans les vignes

Les œuvres de Francis Limérat et Tanguy Tolila dialoguent dans une galerie « viticole ».

SAINT-HILAIRE SAINT-FLORENT. Les 800 mètres carrés du centre d’art contemporain Bouvet-Ladubay ne doivent pas leur implantation ligérienne au fruit du hasard mais à celui de la vigne. Patrice Monmousseau, propriétaire des lieux, a en effet créé ces galeries d’exposition il y a plus de dix ans pour redorer l’image de sa maison de pétillant de Saumur. La programmation du lieu, orchestrée par Benoît Lemercier, n’a toutefois pas été prise à la légère. Parcourant les ateliers d’artistes, ce dernier est parvenu à accrocher sur les cimaises des œuvres de Morellet, Toroni, Villéglé, Honegger et bien d’autres, l’avant-garde radicale ayant peu sa place en ces murs. L’exposition en cours déroge à l’habitude monographique, en établissant un dialogue entre les travaux de Francis Limérat et Tanguy Tolila. Limérat, professeur à l’Ecole des Beaux-Arts d’Angers, jouit d’une certaine notoriété, ayant déjà eu les honneurs de deux rétrospectives. L’exposition regroupe des claires-voies, ces structures légères exposées l’an passé à Paris chez Sabine Puget. Monochromes, elles sont constituées de grandes allumettes de bois, assouplies par des bains, blanchies ou foncées à la brou de noix et collées entre elles pour former de grands réseaux, des cheminements visuels et aériens. Ses travaux sur papier sont empreints de cette même idée de parcours. Une longue ligne sinueuse s’y déroule en souvenir de randonnées dans les chemins escarpés des Cyclades, dessinée a posteriori dans l’atelier « en mélangeant le relevé et la retranscription à l’aveugle ». Les peintures de Tanguy Tolila créent un heureux contrepoint à ces structures légères. Si l’idée de parcours demeure, celui-ci est en revanche dirigé vers l’intérieur de la couche picturale. Car Tolila traite ses toiles en les épurant, faisant disparaître la surface colorée à mesure que sont superposés les glacis plus clairs. Quelques traces subsistent comme une signalétique de l’intervention primitive. Des rehauts à l’encre équilibrent la composition, conférant à l’ensemble un dynamisme serein.


 Sophie Flouquet
29.04.2003