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Musées

Epinal soigne son image

C’est dans un joyeux brouhaha, entre fanfare et sifflets d’archéologues en colère, que Jean-Jacques Aillagon, a inauguré la « cité de l’image ».


© Musée de l' image et imagerie
d'Épinal
EPINAL. Dédiée à la feuille volante aux coloris vifs et à l’iconographie intelligible par tous, qui a fait la réputation de la cité vosgienne, la « cité de l’image » regroupe l’écomusée privé de l’ancienne manufacture Pellerin et le nouveau musée municipal de l’image, créé à partir des collections de la ville et du musée départemental d’art ancien et contemporain. Sur un ancien site industriel en bord de Moselle, la grande arche plate et étirée en béton et verre, due à l’agence Repérages, enjambe dans un étrange rapport d’échelle l’ancienne conciergerie et encadre les bâtiments des ateliers. Les espaces d’exposition se déploient derrière une façade transparente recouverte d’un film coloré d’images d’Epinal : un choix étonnant pour un lieu voué à la conservation de documents fragiles. Deux salles sont dévolues aux manifestations temporaires, l’exposition inaugurale étant consacrée à l’imagerie napoléonienne. La collection permanente, installée à l’étage, a été mise en place pour cinq ans. Sa muséographie est conçue à partir de têtes de chapitres généraux qui facilitent la rotation fréquente des documents, pour des raisons de conservation. Les vitrines éclectiques, créées à partir d’un mot-clef (définir, collectionner, informer, représenter…), se succèdent pour susciter une réflexion sur l’image, quitte à juxtaposer icônes religieuses et posters de stars de la variété. Mais peut-on cerner la question complexe de l’image à partir d’un fonds, aussi riche soit-il, d’imagerie populaire aux intentions morales très «datées» ? «Le musée n’est pas le lieu pour répondre à une question aussi vaste que celle de l’image, prévient sa conservatrice, Martine Sadion. Notre rôle est de poser les questions justes, sans donner de réponse ». Pourquoi, alors, ne pas parler de « musée de l’image populaire» ? L’appellation, plus juste, n’aurait rien retiré de l’intérêt de ce conservatoire consacré à un genre longtemps méprisé par la culture savante… pour sa franchise d’expression.


 Sophie Flouquet
06.05.2003