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Musées

La salière était en or

Due à Benvenuto Cellini, une des plus célèbres pièces d'orfèvrerie de la Renaissance a été dérobée dans un musée de Vienne.


Benvenuto Cellini, Salière
de François Ier
© Kunsthistorisches Museum, Vienne
VIENNE. « Un vol d’une dimension gigantesque, sans précédent en Autriche » : ainsi s’exprimait, à chaud, le directeur du Kunsthistorisches Museum, Wilfrid Seipel, pour qualifier la perte de la célèbre salière de Benvenuto Cellini. Celle-ci avait été réalisée entre 1540 et 1543 pour le compte de François Ier. Elle avait quitté la France quelques décennies plus tard : le roi Charles IX en avait fait don à Ferdinand de Tyrol à l’occasion de son mariage avec l’archiduchesse Elizabeth en 1570. L’orfèvre florentin à la vie romanesque - mêlant assassinats, fuites, adultères - l’avait longuement décrite dans son autobiographie. Sur une base d’ébène, deux personnages aux pieds entrelacés représentent la Terre et la Mer. Neptune soutient un bateau richement orné, dans lequel était conservé le sel. Amphitrite, aux formes parfaites - Cellini se vantait dans son ouvrage de sa connaissance du corps féminin - s’appuie sur un temple grec, réceptacle à poivre. Selon les responsables du musée, le voleur, qui agissait peut-être pour un collectionneur peu scrupuleux, aurait escaladé un échafaudage extérieur, à 4 heures du matin, pour briser une fenêtre du musée. Il aurait ensuite rompu la vitrine de la salière. Les systèmes d’alarme ont correctement fonctionné mais les gardiens, suspectant une fausse alerte, ne se sont rendus sur les lieux que quatre heures plus tard. Ils ont été suspendus. Ce « haut fait », après les exploits du voleur en série Stéphane Breitwieser, qui purge actuellement une peine de quatre ans en Suisse, met encore une fois en évidence la nécessité de doubler la surveillance électronique de moyens humains compétents… et motivés.


 Rafael Pic
13.05.2003