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Expositions

Sur les traces d’Arcimboldo

De Jacques Dutronc à Louis XIV, Bernard Pras réélabore les portraits de dix célébrités.


© Bernard Pras : Galerie Eric
de Montbel
En voyant dans la galerie Eric de Montbel les dix grands tirages sur cibachrome - qui comprennent la déesse Vénus, Einstein ou Jimi Hendrix - on pense immanquablement à Arcimboldo, ce peintre italien du XVIe siècle qui composait ses portraits avec des fruits et légumes. Les trompe-l’œil de Bernard Pras sont adaptés au monde contemporain : ils sont formés de canettes de boissons gazeuses, de pinces à linge, de boites en carton, de rouleaux de papier hygiénique. Au finale, le résultat est le même : ces portraits sont aussi ressemblants que des photographies, il suffit simplement de prendre un peu de recul. Dans une vie antérieure, Bernard Pras diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Toulouse, était peintre. Il est passé du portrait sur papier au portrait avec objets. La sélection que l'on voit ici emprunte à la photographie, à la sculpture, au collage. Rien n'est laissé au hasard dans ces anamorphoses : les composants sont choisis en fonction de la personnalité choisie. Sa Vénus combine des cuillères en plastique et une tête de poisson mort, histoire de mettre à mal le mythe d’une beauté artistiquement correcte. Einstein, tornade intellectuelle, a un aspirateur en guise de langue. L’iconoclaste Bernard Pras, 51 ans, n’est pas inconnu des institutions et plaît au public. Mickey (80 x 80 cm, tiré à cinquante exemplaires plus cinq épreuves d'artistes et cinq hors commerce) se vend à 1300 €. L’image de Jacques Dutronc, commandée par la maison de disques du chanteur pour la couverture de son dernier CD, est à 6000 € (158 x 125 cm). Le Roi Soleil, qui n’a pas laissé indifférentes les autorités du château de Versailles, s’envole à 13 000 €.


 Brigitte Camus
17.06.2003