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Expositions

Max et le « faire ailleurs »

A la galerie Malingue, l’exposition Max Ernst , digne d’un grand musée, dévoile des trésors inconnus.


Max Ernst Qu'il fait beau - Qu'il fait
beau (Un Monde perdu), 1925
© Galerie Malingue
PARIS. À gauche de la porte d’entrée, une étonnante petite huile sur carton de 1913, représentant le père de l’artiste, avec une étrange naïveté : voilà l’un des petits bijoux réunis dans le cadre d’une rétrospective consacrée au maître surréaliste. Daniel Malingue, qui travaille désormais avec ses deux fils, est allé au Japon acheter cette peinture rare, afin de compléter l’ensemble d’œuvres d’Ernst (1891-1976) déjà en sa possession. Un tour de force, qui n’est pas le seul, et qui permet à présent de parcourir, en soixante œuvres, la vie de l’artiste. Peintures, bronzes, dessins, gravures, photographies, livres… Un tiers des objets présentés sont à vendre, de 15 000 à 3 600 000 euros. Pour le reste, deux célèbres collectionneurs parisiens ont notamment consenti des prêts exceptionnels. La troisième et dernière salle de l’exposition est particulièrement spectaculaire. Elle révèle une série de toiles sur le thème de la forêt, peintes dans les années vingt et qui n’ont rien perdu de leur magie ni de leur modernité ; notamment des petits formats sombres, d’une infinie poésie. Décalcomanies, frottages, collages, toutes les façons de faire « ailleurs » imaginées par Max Ernst, dans l’esprit des surréalistes, sont illustrées dans les deux autres salles, par des exemples très parlants : ainsi ce monstre dessiné en 1925 et titré Qu’il fait beau -Qu’il fait beau, ou encore ce Jardin des Hespérides, peint dix ans plus tard. «Les crocodiles d’à présent ne sont plus des crocodiles», écrit le poète Éluard, dans l’un des livres illustrés par Ernst. C’est vrai. Si Daniel Malingue est un grand marchand, il est aussi, désormais, un grand collectionneur.


 Françoise Monnin
21.06.2003