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Janine Janet, la magie de l’éphémère

L’amie de Cocteau et de Balenciaga a élevé au sublime l’art de l’étalagiste.


Composer une devanture de boutique ? Voilà une mission ingrate, qui a peu de chance de vous porter au panthéon, tant elle est marquée au sceau de l’éphémère. Heureusement pour Janine Janet (1913-2000), ses créations pour Balenciaga ou pour les fêtes des Rothschild survivent par les clichés qu’en ont tirés Brassaï et d’autres photographes. L’auteur en a rassemblé un ensemble significatif qui montre une passionné de la métamorphose, voltigeant entre écorces d’arbres, tissus et pierres précieuses, brouillant les frontières classiques entre art et arts décoratifs, pour construire une vitrine, un miroir ou un décor de théâtre. Dans la préface, Hubert de Givenchy lui rend hommage, se souvenant d’une statue de Diane chasseresse, ruisselante de jais, d’améthyste et de lapis-lazuli, représentative de ses sculptures incrustées de coquillages ou de pierres. Nourrie d'antique et de mythes, Janine Janet s'inscrit dans la filiation d'Arcimboldo tout en empruntant à la profusion ornementale des années 30. Son appartement était un véritable cabinet de curiosités, peuplé de naïades, de centaures et autres licornes. Dessins, aquarelles, études préparatoires complètent une riche iconographie tandis que des extraits de correspondance et des photographies du tournage du Testament d'Orphée montrent sa complicité avec Jean Cocteau. En faisant resurgir une figure méconnue, ce livre émouvant donne de l’épaisseur à une période artistique trop souvent réduite à ses stars, dont Cocteau est précisément l’emblème…


 Brigitte Camus
03.07.2003