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Patrimoine

Quand la Hanse renaît

Inscrite en 2002 sur la liste de l’Unesco, Wismar mène l’action des villes hanséatiques pour réhabiliter leur patrimoine.


Rostock, l'ancien couvent
Sainte-Croix
, XIIIe siècle
© D. R.
Dans les caves voûtées de l’hôtel de ville de Wismar, ville portuaire du duché de Mecklenburg puis de l’ancienne RDA, les traces de l’activité commerciale sont encore perceptibles. Une grande peinture murale, récemment restaurée, figure une dizaine de personnages s’enivrant des barriques de vin transportées sur un kogge (navire de la Baltique). Membre de la confédération hanséatique des villes maritimes menée par la puissante Lübeck dès 1259, Wismar connut la prospérité économique, jusqu’au déclin de la Hanse au XVIe siècle. La ville est ensuite occupée à plusieurs reprises : par les Suédois jusqu’en 1803, par les troupes napoléoniennes en 1806 puis par les soviétiques jusqu’à chute du rideau de fer. Malgré les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, Wismar a conservé son centre ancien, l’un des rares dotés en Allemagne d’un tissu urbain encore médiéval, organisé autour de la place du marché (Marktplatz), ce qui a incité l’Unesco a classer ses 88 hectares sur la liste du Patrimoine mondial.
Si le label n’apporte aucun subside, il pourrait en revanche aider la ville à combler le «déficit d’image » propre à de nombreuses villes d’ex-RDA. Depuis maintenant quatorze ans, les restaurateurs s’affairent pour remettre en état les monuments de la ville, laissés à l’abandon par les autorités ossi malgré les ravages de la guerre. Environ 24 millions d’euros ont ainsi été investis depuis 1990 dans l’église Saint-Georges, construite à partir de 1237 et longtemps ouverte à tous vents. Située à proximité, l’église Sainte-Marie a eu moins de chance : sa nef a été rasée dans les années 60. D’autres édifices remarquables, bâtis du XIVe au XVIe, siècles ont en revanche été miraculeusement épargnés. Ils ponctuent la découverte d’une ville qui réjouira les amateurs de brique…
Sur la route de Stralsund, également inscrite l’an passé par l’Unesco, Rostock, mérite un détour. Fondée par des tribus slaves au Ve siècle à l’embouchure du Warnow, elle fut un comptoir hanséatique actif au XIIIe siècle. Son centre ancien, incendié en 1677 puis bombardé en 1942, sans avoir l’homogénéité de celui de Wismar, conserve quelques beaux témoins d’architecture de la Baltique. La visite du Mecklenburg de l’intérieur permettra enfin de découvrir les collections des anciens ducs, mécènes peu fortunés qui s’efforcèrent de rivaliser avec les grandes cours européennes. Ils réunirent une extraordinaire collection de peintures – de Cranach à Oudry - exposée en grande partie dans le musée de Schwerin. Trois châteaux témoignent de ce goût du faste : Güstrow, construction d’un architecte lombard de la fin du XVIe siècle, Ludwiglust (fin XVIIIe), le « Versailles teuton », et enfin Schwerin qui, dans un environnement lacustre romantique, a tout pour plaire aux amateurs d’historicisme du XIXe siècle.


 Sophie Flouquet
10.07.2003