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Patrimoine

Éloge de la brique

Introduite vraisemblablement par des moines rentrés de Lombardie au milieu du XIIe siècle, la brique s’est généralisée dans les régions de la Baltique pour la construction civile ou religieuse dès l’époque gothique.


Rostock, maisons à pignons.
© D. R.
Le matériau se prêtant difficilement à la réalisation d’ornements sculptés, les architectes allemands du Backsteingotik, ou « gothique de la brique », vont s’ingénier à tempérer l’austérité du matériau. En adoptant la polychromie grâce à l’utilisation de briques vernissées aux teintes chaudes (brun, vert ou noir), ils introduisent des contrastes colorés plus proches de l’architecture romane que du gothique francilien. Sur les parties hautes des églises, les arcatures et les remplages créent une dentelle de brique d’une grande légèreté. Les maisons à pignon en pas de moineau sont percées de baies en peigne et surmontées de grands gâbles ouvragés. La superbe façade renaissance de la Kerkhoffhaus à Rostock est ornée de médaillons italianisants qui paraissent sortis de l’atelier d’un Della Robbia. A la Renaissance, la tendance sera pourtant aux enduits. A Güstrow, la destruction de certaines ailes du château révèle la supercherie voulue par Ulrich de Mecklenburg : les bossages à la florentine sont faits de plâtre. La révolution industrielle annonce une nouvelle heure de gloire pour la brique. Le long des rives de la Baltique, on ne dénombre plus les nefs abandonnées par les anciens chantiers navals. Alors que l’ex-RDA reconstruit patiemment ses églises ruinées par les Soviétiques, ce patrimoine attendra aussi son heure…


 Sophie Flouquet
10.07.2003