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Patrimoine

Holbein retourne au pays

Le Mauritshuis consacre une rétrospective au maître du portrait psychologique. La genèse en a été longue…


Hobein le Jeune, Portrait de
John Godsalve
, c.1532
© 2003 Her Majesty Queen
Elizabeth II
LA HAYE. Au milieu des parcs et des canaux, La Haye, station balnéaire, égrène ses nombreux palais. On ne pouvait rêver plus bel écrin que le Mauritshuis, ce petit palais du XVIIe siècle, restauré au XVIIIe et devenu musée de peintures en 1822 - un pur joyau de l’architecture hollandaise classique - pour accueillir l'exposition consacrée à Holbein le Jeune (1497/98-1543). Les œuvres présentées sont des portraits : une vingtaine de peintures sur bois, autant de
dessins, souvent des études préparatoires, et trois miniatures. Les deux œuvres de Holbein conservées au Mauritshuis, seul musée des Pays-Bas à posséder le célèbre artiste dans ses collections, sont évidemment de la partie. L'une d’elles, le Portrait de Robert Cheseman, va été soumis à une restauration de dix mois. Les prêts proviennent des grands musées européens et américains.
Le clou est constitué par le prêt de la reine Elisabeth II : quinze dessins de la collection de la famille royale, la plus importante au monde dans ce domaine. Une richesse qui s’explique aisément : Holbein fut, dans les dernières années de sa vie, peintre de cour du roi Henri VIII. « Nous avons fait la demande à Sa Majesté dès 1997, il a fallu attendre 2003 pour avoir son feu vert » souligne Peter Van Der Ploeg, conservateur en chef du Mauritshuis. Avec le Louvre, les négociations ont également été serrées. Il n’a pas été facile d'obtenir que le Portrait de Desiderius Erasmus (vers 1523), l'un des quatre portraits de l'humaniste
Erasme de Rotterdam, que Holbein 'avait rencontré à Bâle, revienne pendant trois mois sur sa terre natale. « Normalement, au Louvre, les peintures sur bois, fragiles, ne voyagent pas » rappelle le conservateur. Les discussions ont duré deux ans… Par ailleurs, une peinture est montrée pour la première fois au public. Il s'agit de la Madone de Darmstadt (vers 1526-29), une composition curieuse dans laquelle l'artiste mélange la figure de la Vierge à celle de sa famille. L'éloquence de ces portraits reste intacte quatre siècles après leur composition. L’exposition permet de révéler au public la moitié de l'œuvre peinte et dessinée d'un artiste auquel on n’attribue, en vingt-sept ans de carrière, que quatre-vingt-deux peintures, et dont on ne conserve qu’un nombre comparable de dessins et quatorze miniatures. Les dessins qui sortent pour la première fois de Grande-Bretagne ont évidemment été assurés au prix fort. Aucun chiffre n’est commuiqué mais le conservateur conclut sobrement : « C’est grâce au soutien important de nos sponsors, la Rabobank et Unilever, que nous avons pu faire face aux frais ».


 Brigitte Camus
17.07.2003