Nice : terminus pour la nouvelle mairie

NICE, 10 nov (AFP) - Le projet d'édification d'une nouvelle mairie de Nice, en lieu et place d'une ancienne gare située au coeur de la ville, a pris du plomb dans l'aile avec la menace de classement de ce site, que vient de faire connaître le ministère de la Culture. La gare du Sud, construite par l'architecte Prosper Bobin en 1892, appartient à la lignée architecturale de la gare du Nord à Paris, et selon le ministère, elle s'y rattache par la disposition de sa façade avec une série de détails comme ses corniches néo-grecques. La directrice de l'architecture et du patrimoine, Wanda Diebolt, a donc pris une mesure provisoire de protection, pour un délai qui n'excède pas un an, car l'Etat entend participer, pendant cette période, à la réflexion sur le devenir de l'ensemble de cet édifice, composé d'une façade, mélange de briques, pierres et céramiques, plantée devant un immense corps de bâtiment coiffé d'une verrière. Le maire RPR de Nice, Jacques Peyrat, fustige cette décision qu'il qualifie de "politicienne". Il évoque un "désastre" pour la ville et les Niçois, après cette "fâcheuse nouvelle" et va demander audience à la ministre, Catherine Tasca, qui a le dernier mot. Il parle même de "tromperie", et en cas d'échec, affirme que la municipalité serait en mesure de demander la résiliation de la vente à la ville de ces terrains par l'Etat pour plus de 12.65 MEUR (83 MF).

Entre l'achat de l'ensemble et différents forums de l'urbanisme auquel s'ajoute le prix d'études, ce sont 15,24 MEUR (100 MF) qui sont sortis des caisses de la ville pour ce projet, pour lequel quatre cabinets d'architecture ont concouru. Mais lors du vote d'adoption du projet de cette nouvelle mairie, les quatorze élus socialistes, cinq Front national et un DVD avaient voté contre. Les socialistes qui avaient dénoncé pendant la campagne "les projets pharaoniques" du maire, avec ce nouvel hôtel de ville et un nouveau port - qui connaît aussi des remous - se réjouissent de ce coup d'arrêt. "Jacques Peyrat paye le prix du manque de concertation avec son opposition. Il ne veut pas céder d'un pouce", a souligné Jean-François Knecht (PS). "Nous appelons de tous nos voeux à un classement définitif. Nous sommes garants d'un patrimoine auquel nous sommes attachés comme tous les Niçois", dit-il. Cet élu préférait voire se construire une mairie annexe avec des espaces verts, un gymnase et un commissariat destiné à la police de proximité. Dans la rue, les avis sont partagés entre des résidents, plus enclins à une certaine tranquillité dans un quartier où ils ont toujours vécu et des commerçants qui voyaient d'un bon oeil "cette locomotive urbanistique et sociale", selon les propos du maire. "Je n'avais pas voulu prendre cette décision de nouvelle mairie avant les élections", rappelle Jacques Peyrat qui s'estime aujourd'hui, "bien mal récompensé".

Par Marc FENOUIL

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