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Patrimoine

l'Immortalité devançant le Temps, par Georges Récipon, 1900, cuivre martelé sur charpente de fer. © Photo C. Moutarde


Les chevaux du quadrige sont désolidarisés de la structure et sanglés. © Photo C. Moutarde


Les destriers de Récipon jouent à Pégase. © Photo C. Moutarde


Au Grand Palais, un quadrige en moins

La dépose du premier des quadriges de Récipon, la semaine dernière, a donné le coup d'envoi de la remise en état du Grand Palais. Une opération qui pourrait se chiffrer à près d'un milliard de francs.

Le Grand Palais fait peau neuve. Construit pour l'Exposition universelle de 1900, dans le prolongement du pont Alexandre-III, par les architectes Deglane, Louvet et Thomas, l'édifice parisien a accueilli de nombreuses manifestations. Les premiers Salons de l'Automobile se sont tenus dans la nef, comme le plus récent Salon du Livre. Des tassements et des défauts structurels, sans doute amplifiés par la crue de 1910, avaient été notés dès les premières années du bâtiment. La chute d'un rivet, en juin 1993, a entraîné la fermeture de la nef au public. En novembre 2000, l'édifice a été classé monument historique dans sa totalité.

La restauration s'effectuera en deux phases. La première, qui s'étendra de septembre 2001 au début de l'année 2004, porte sur les interventions d'urgence : consolidation des fondations sud et des fondations de la nef, réparation générale des charpentes métalliques de la nef, des éléments de toiture et des verrières touchés par le chantier. La seconde phase débutera au milieu de l'année 2003 et s'achèvera en 2005. Elle portera sur la restauration des façades et des autres éléments de toiture. Le budget prévisionnel est de 784 millions FF pour ces deux phases. La mise à niveau des installations intérieures, qui n'est pas incluse dans le devis, devrait bien sûr alourdir la note. La maîtrise d'ouvrage est assurée par l'EPMOTC (Etablissement Public de Maîtrise d'Ouvrage des Travaux Culturels) pour le compte du ministère de la Culture, la maîtrise d'oeuvre revenant à Alain-Charles Perrot, architecte en chef des Monuments Historiques, et au cabinet Tomasina, vérificateur des Monuments Historiques.

Le début de la campagne a été symboliquement marqué lundi par la dépose de l'un des deux quadriges de Georges Récipon. Cette sculpture monumentale, côté Champs-Elysées, représente l'Immortalité devançant le Temps. Le second quadrige (l'Harmonie triomphant de la Discorde, côté Seine) sera déposé en octobre. Ces groupes en cuivre martelé avaient été dorés à l'origine. La structure de chacun des quadriges est identique et d'un poids total de 22 tonnes (dont la moitié pour la maçonnerie en pierre). Elle est constituée d'une structure primaire en profilés de fer, qui soutient une structure secondaire (7 tonnes). Cette structure secondaire, en fer également, sert à renforcer et à solidariser la sculpture elle-même (5 tonnes), qui est en plaques de cuivre repoussé de 15 mm d'épaisseur.

La restauration des quadriges, d'un montant de 9,5 millions FF, a été confiée aux Ateliers d'Oeuvres de Forges et à la SOCRA, qui intervient aussi en ce moment sur le lion de Belfort. La structure primaire sera conservée autant que possible, après sablage. La structure secondaire sera, en revanche, remplacée par des éléments en acier inoxydable. Les plaques de cuivre seront restaurées. Pour éviter le phénomène d'électrolyse (circulation d'un courant électrique entre le cuivre et le fer), à l'origine de la dégradation des plaques de fer, une mince couche de cire protectrice sera apposée sur les pièces de cuivre.


 Rafael Pic
10.08.2001