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Cartier façon catalogue

Une monographie consacrée à la grande marque de la rue de la Paix regorge d'images. Mais elle ne se distingue guère d'une luxueuse plaquette publicitaire…

Comme autant d’échos du passé glorieux de la marque mythique, on y croise, pêle-mêle, Cocteau et sa bague Trinity créée en 1924, une pléiade de têtes couronnées et « ornées » par Cartier, Gabin et Dietrich, façon studio Harcourt, la milliardaire et mécène Barbara Hutton, les clichés magiques de Hoyningen-Huene, témoin de l’élégance lisse et androgyne des années 30 et bien d’autres encore. Les modèles phares de la maison, ceux d’hier et d’aujourd’hui, sont évidemment présents, comme la bague « menottes ». Dans la foulée sont récupérées de sulfureuses créatures dont l’image est à jamais associée à celle des pierres précieuses (Liz Taylor et son diamant gros comme le Ritz, Marilyn…), en apparence sans lien direct avec la marque. En fin d’ouvrage, les doubles pages sont représentées en vignettes légendées : les noms des personnages représentés et de quelques-uns des photographes y figurent. Mais point d’explication, d’historique, d’anecdote : la fin est abrupte…

Perpétuer la légende
On regrette, derrière la luxueuse couverture de tissu sérigraphié, capitonné, prometteuse, le manque flagrant de fil directeur. Les plus curieux resteront sur leur faim, aiguisée par les photographies témoins de temps lointains, qui appellent les commentaires. Seules des citations (on nous gratifie même de l’incontournable « Je résiste à tout, sauf à la tentation » de Wilde) ou extraits de dialogues de films (la scandaleuse Tallulah Bankhead, qui taxe Cartier de « faiseur d’appâts » en 1944 dans Lifeboat d’Hitchcock) sont égrenés çà et là. Sans réel repère dans le temps, cet ouvrage offre une promenade rêveuse dans l’imagerie du bijoutier à la petite boîte rouge et or. Pour les inconditionnels de la marque et ceux qui veulent s’approprier à peu de frais (80 euros ?) un petit morceau de la légende. « Il ne faut pas toucher aux idoles ; la dorure en reste aux mains », écrivait Flaubert : voilà qui pourrait illustrer le propos de cet ouvrage, qui évoque la légende Cartier, intemporelle, sans aspérités, mais sans jamais en dévoiler les coulisses.


 Elodie Palasse
03.10.2003