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Dominique Chevalier : « Le syndicat national des antiquaires sera moins franco-français »

L'institution célèbre aujourd'hui son centenaire. Son nouveau président entend lui donner une plus grande ouverture.

Le Syndicat National des Antiquaires a cent ans et compte environ 350 membres. Quels sont vos projets d'avenir ?
Dominique Chevalier.
Cent ans, c'est beaucoup. Le S.N.A. est une vieille grande dame. Pour nous qui vivons avec l'ancien, le défi est de s'adapter à deux choses : la mondialisation du marché de l'art et le développement de la communication, symbolisé par internet. Ce qui n'est pas évident : nous ne sommes pas à priori des modernes et nous sommes, en outre, des individualistes forcenés ! Cependant, je remarque que de plus en plus d'antiquaires ont un site internet : c'est important en termes de communication. Pour la vente, c'est autre chose. Les acheteurs continuent de vouloir un contact personnel avec l'antiquaire. Je ne suis pas président depuis longtemps - j'ai été élu au mois de mai - mais j'ai inscrit parmi mes priorités l'ouverture du syndicat. Il s'agit de le rendre moins franco-français. Je voyage beaucoup, notamment pour des foires internationales, et il est évident que nous avons intérêt à nous associer, à collaborer avec des collègues d'autres pays pour lever les freins à la libre circulation des œuvres d'art.

La ratification de la convention Unidroit - qui laisse au vendeur la charge de la preuve de l'origine légale de l'objet en cas de contestation - est un point délicat.
Dominique Chevalier.
En effet. Pour nous, le ratifier serait une erreur et c'est l'une des premières fois qu'un syndicat des antiquaires s'est donné les moyens de défendre sa position en s'entourant de nombreux conseils. Le texte doit passer au Parlement mais le rapporteur, Yves Dauge, vient d'être élu sénateur. Nous saurons mercredi ou jeudi qui sera le nouveau rapporteur. Nous lui demanderons une audience et lui remettrons un nouveau document - le rapport du professeur Denys de Béchillon - qui montre que ce traité contient de nombreux points anticonstitutionnels. Le retour d'un bien illicitement exporté sans garantie d'indemnisation pour le propriétaire en est un exemple. Un traité international ne peut pas se placer au-dessus de la Constitution ! Nous en avons déjà parlé à des fonctionnaires de l'Unesco et du ministère de la Culture, ce problème les a clairement interpellés. L'idée du traité est valeureuse - nous sommes tous contre le vol des objets d'art - mais le texte produit est quasiment inapplicable.

Vous parliez de la communication. Comment comptez-vous faire entendre votre voix ?
Dominique Chevalier.
Nous défendrons nos intérêts - qui sont aussi ceux du patrimoine en général, des restaurateurs, des conservateurs de musées - chaque fois que nous les estimerons malmenés. Je n'ai pas l'habitude d'avoir ma langue dans ma poche. Il n'y a, par exemple, aucun membre de notre syndicat au Conseil des Ventes qui vient d'être nommé pour superviser la transformation du marché des ventes volontaires. Pour nous, c'est un manque. Nous l'avons déjà écrit à madame Lebranchu. D'une façon générale, on nous connaissait surtout pour la biennale des antiquaires. Je souhaite que nous ayons une communication plus linéaire, moins liée à un seul événement. C'est dans cet esprit que nous avons créé un prix du livre d'art, qui sera remis aujourd'hui, à l'occasion des célébrations du centenaire.


 Rafael Pic
10.10.2001