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Les antiquaires sont divisés mais se disent heureux

Le Salon du collectionneur et le Pavillon des antiquaires ont chacun trouvé leurs partisans. La juxtaposition fonctionnera-t-elle aussi bien en 2004, année de Biennale ?


Terrine en trompe-l'œil de tête de
sanglier
, nord de la France, XVIIIe
siècle, galerie Christian Bonnin
(Salon du Collectionneur)
PARIS. C'est une réaction naturelle pour les organisateurs d'afficher une satisfaction de principe à l'issue d'un salon, surtout s'il s'agit d'une première édition. C'est le cas après le Salon du collectionneur et le Pavillon des antiquaires, qui se sont succédé dans la seconde quinzaine de septembre. «Vif succès» et «climat d'enthousiasme» au premier, selon le Syndicat national des antiquaires qui l'organisait, «succès» du second selon Patrick Perrin, son concepteur avec Stéphane Custot. En termes de fréquentation, le seul étalon de comparaison, en cette saison de l'année, est la prestigieuse Biennale des antiquaires, qui a attiré près de 90 000 visiteurs en 2002. Le Salon du Collectionneur annonce un peu moins de 20 000 visiteurs en sept jours et le Pavillon 30 000 entrées en neuf jours.


Alberto Magnelli, Femme à la
blouse jaune
, 1917, huile sur
toile, 100 x 76 cm. Galerie Hopkins
Custot (Pavillon des Antiquaires)
Eloge de la sobriété
Le Salon du collectionneur a séduit par son organisation sobre et son regroupement en sections spécialisées. «Enfin un salon pratique, sans bouquets de fleurs à tous les coins ni stands imaginés par des designers à la mode» s'exclame l'Anglais Bruno Cooper, qui officie dans la sculpture du haut Moyen Age. La galerie Gisèle Croës (arts d'Asie) fait état de contacts nombreux, «différents de ceux de la Biennale». Peu de collectionneurs américains mais beaucoup de Belges : «Paris est devenu une banlieue de Bruxelles» conclut Bruno Cooper en forme de boutade. Les bémols proviennent de la section des arts premiers, la plus petite du salon, qui a souffert de la concurrence du parcours Kaos à Saint-Germain-des-Prés. La proximité avec les galeries de bijoux n'a pas aidé. La clientèle essentiellement masculine des arts premiers a eu du mal à convaincre madame de l'intérêt d'un masque africain devant une coupe en argent d'Odiot… Quant aux galeries «haut de gamme» comme Ariane Dandois, elles n'ont pas trouvé leur bonheur dans une clientèle aux besoins plus modestes qu'à la Biennale. Et certains pointent le calendrier, trop précoce dans la saison, avec un vernissage le 11 septembre, et la simultanéité avec la Techno Parade et l'ouverture de la chasse.

Au Pavillon, vive la peinture moderne
Mêmes échos au Pavillon des Antiquaires. Fabien Boulakia souligne l'intérêt rencontré par ses Wesselmann, Nagy de Londres en fait autant avec ses Schiele. Bernard Dulon a fait l'expérience réussie d'une position un peu à contre-courant dans une manifestation qui privilégie l'art moderne : «Nous sommes spécialisés dans l'art primitif et cela a bien fonctionné, pas forcément en termes de chiffre d'affaires, qui a été moyen, mais parce que nous avons touché une clientèle entièrement nouvelle.». Jousse Entreprise a vendu la maison préfabriquée de Maneval des années 60 et l'on murmure que Jean-Jacques Aillagon serait intéressé à en acheter un exemplaire pour le mettre devant le Centre Pompidou. «Les résultats n'ont pas été spectaculaires, tempère Mathias Jousse mais nous attendons des réponses. Si elles se concrétisent, tout va bien !»

Biennale et Pavillon feront la paire
La question de fond demeure la même : Paris peut-il accueillir deux événements de cette envergure en même temps ? Et que se passera-t-il l'an prochain, année de biennale ? Reverra-t-on le Pavillon des antiquaires ? «Bien sûr, confirme Patrick Perrin, les dates sont déjà définies. Je regrette simplement que, cette année, les deux salons n'aient pas eu lieu en même temps. Regardez Londres : en juin, il y a quatre ou cinq événements contemporains : la Grosvenor Fair, l'Asian Fair, la Textile Fair, etc. Ils ne se font pas d'ombre et il y a même des navettes pour les relier. Le Pavillon est d'un esprit très XXe siècle et décoratif. En revanche, nous avons peu de céramique ou d'art asiatique, qui sont bien représentés au Salon du Collectionneur .» On pourra vérifier l'an prochain la disponibiité des antiquaires à participer à deux salons exactement simultanés : le Pavillon se tient du 18 au 26 septembre, la Biennale du 15 au 28 septembre…


 Rafael Pic
03.10.2003