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Pompidou : expositions à tous les étages

Delaunay, Roni Horn, Amos Gitai, Deacon. De la cave au grenier, du niveau 4 au niveau –1 et à la Plaza, le Centre Pompidou propose cette semaine, après Cocteau, quatre nouvelles expositions ou installations. Visite guidée.


Sonia Delaunay, Philomène,
1907, huile sur toile, 55x46,5
cm. Coll. du Centre Pompidou,
Musée national d'art moderne.
© L & M Services B.V
Amsterdam 990308. Photo :
CNAC-MNAM. © L & M
Services B.V Amsterdam
990308 Photo : CNAC-
MNAM Dist.RMN, Jacqueline
Hyde
PARIS. Au Musée d’art moderne, la Donation Robert et Sonia Delaunay. Sur les 114 oeuvres données il y a près de quarante ans par Sonia et Philippe Delaunay, et jamais présentées ensemble, l’exposition en propose 90, peintures, dessins, mosaïques, reliures et reliefs, l’occasion de refaire le parcours des deux artistes et de retrouver leurs credos. On est accueilli par de superbes portraits fauves de Sonia, dont les couleurs et le cloisonnement n’ignorent rien de Gauguin ou des expressionnistes allemands, et des toiles bretonnantes de Robert qui font écho à Pont-Aven comme à Monet. Brusque tournant, au dos d’un autoportrait fauve de Robert de 1906, un Paysage au disque annonce le passage à la couleur forme et sujet, et à la peinture pure. De là chacun poursuit à sa manière, Sonia plus sensible aux arts décoratifs, du coffret du Transsibérien aux reliures, aux tissus ou aux mosaïques. Tous deux marqués par leurs cheminements originels mais indissociables. Le Marché au Minho peint par Sonia en 1916 ou les Rythmes des années 30 de Robert jalonnent leur évolution. IIs se retrouvent au Palais des chemins de fer de l'exposition internationale de 1937, dont les maquettes exposées déroulent les disques simultanés, aboutissement de leur recherche.


Roni Horn, So I, 1997 Pigment et
vernis sur papier145 X 209 cm
Centre Pompidou, Musée national
d’art moderne, Cabinet d’art
graphique Photo : courtesy
Matthew Marks Gallery, New York
Redécouvrir Roni Horn
Une exposition bien venue pour cette artiste mal connue en France. La galerie d'art graphique présente 23 de ses oeuvres, provenant de séries réalisées entre 1995 et 2003. Roni Horn, à presque cinquante ans, est plus connue pour ses sculptures et ses photographies que pour ses dessins, une disipline qu'elle pratique pourtant avec obstination depuis 20 ans. Sa conception est singulière : elle ne se contente pas du travail graphique, mais intègre l'écriture, la sculpture et la photographie. Elle applique d'abord le pigment sur le papier. Après un séchage au vernis qui peut durer des mois, elle découpe les dessins en bandes simples ou complexes, qu'elle réunit bord à bord avec des morceaux de papier d'épaisseur et de couleurs identiques. Il ne s'agit pas de collage mais de reconstruction. Elle traite ses dessins comme des compositions spatiales. A partir, cette fois, de photographies, elle aboutit à un autre type de dessin. Là encore, la photographie d'un clown prise dans son atelier est découpée en morceaux et réassemblée avec un léger décalage. Les visages sont déstructurés et recomposés. L'artiste est le catalyseur Pour Rudi Horn il doit y avoir inrteraction dialectique entre l'œuvre et le spectateur qui, de flâneur, doit devenir acteur. «Le dessin n'est pas une question d'outils, rappelle-t-elle, mais de perception. Si le spectateur ne veut pas ou ne peut pas être actif, alors il n'y a rien. »


Amos Gitai, Journal de campagne
© agavfilms
Forum, niveau –1, Amos Gitai
Une exposition originale d'une cinquantaine de photos clés, imprimées sur des toiles de 1m80 sur 2m10, choisies par le cinéaste, qui constituent un parcours de son œuvre et un voyage dans son univers intime. Wadi, Kadosh. L'hstoire, la guerre, l'immigration, l'exil. Depuis 30 ans, Gitai, témoin privilégié et sans complaisance, raconte son pays et se bat pour la tolérance et la paix. C'est à travers son oeuvre cinématographique que l'on peut prendre la mesure de sa générosité et de sa rigueur. Jusqu'au 3 novembre, le Centre présente sa retrospective intégrale : la vingtaine de courts métrages tournés en super 8 entre 1971 et 1975, ceux tournés pour la télévision depuis, les 30 documentaires, de American Mythologies à Wadi Grand Canyon, et autour de Kadosh qui l'a révélé au grand public, 10 fictions. Une dizaine de scéances spéciales avec la participation de l'auteur sont proposées, la meilleure conclusion pour cette exposition.


Richard Deacon, Passage de la
mer Rouge, 2003, détail, chêne
fumé et acier inoxydable
copyright: Richard Deacon
En traversant la piazza, l'atelier Brancusi
Le musée, ainsi qu'il l'avait fait pour Claude Rutault l'an dernier, a invité le sculpteur britannique Richard Deacon à confronter son oeuvre à celle de Brancusi. Deacon,, qui se définit autrement que comme un sculpteur - «Je ne sculpte pas je fabrique» a réalisé une œuvre en deux parties, Passage de la mer Rouge, que les spectateurs traversent et dont les courbes et contre courbes font écho à celles de Brancusi .Il préfére, comme lui, les matériaux naturels, mais ne cherche pas à dissimuler les systèmes d'assemblage. Rivets et boulons font partie de l'oeuvre : une mer contenue, dans un mouvement de contorsion et de torsion contre une barrière invisible. Pour Deacon, être vivant et être mort semblent se mêler.


 Danielle Arnaud
06.10.2003