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Marché

La FIAC résiste au mauvais temps

Malgré la crise qui perdure, malgré l'arrivée d'un concurrent à Londres, la trentième édition de la foire parisienne n'affiche pas un bilan négatif.


Josef Albers, Homage to the Square,
1964, huile sur aggloméré
Courtesy galerie Am See, Zug
PARIS. A l'heure des bilans, on retiendra pour cette trentième FIAC un vendredi animé avec explosion d'une bouteille de Perrier et subséquente évacuation des visiteurs. Canular ? Accident ? Performance ayant mal tourné ? En attendant les conclusions de l'enquête et la guérison des deux blessés légers, l'interruption n'a pas pesé sur la fréquentation, qui est en légère hausse, à 72 000 visiteurs. Cependant, tous les participants ne repartent pas avec le sourire. Certains comme le Toulousain Sollertis avouent avoir réalisé de médiocres affaires : si l'intérêt était visible pour les œuvres de Fabrice Hybert, il n'a pas été concrétisé par des achats. «Je pense que beaucoup de galeries n'ont pas vendu estime le Hollandais van Zoetendal. C'est un moment difficile pour les foires» poursuit le spécialiste de la photographie qui participait à sa première FIAC après cinq Paris Photo. Parmi les piliers, certains se permettent des critiques frontales. Ainsi Daniel Lelong disait-il dans Le Quotidien de la FIAC : «Je trouve que la foire traverse une crise d'identité» soulignant implicitement l'écart croissant avec Bâle en termes de clientèle et de chiffre d'affaires. La désertion de certaines galeries (Chantal Crousel ou Air de Paris), qui ont préféré se montrer à Londres, à la nouvelle foire Frieze, n'est pas moins éloquent.


André Raffray
Diptyque Andy Warhol, 2003
crayons de couleur sur papier
photo : Jacques Faufour,
Courtesy galerie Beaubourg, Vence
Basquiat et Richter au plus haut
Pour autant, les lamentations ne sont pas de mise. Le Genevois Art et Public a dépassé le million d'euros avec Basquiat et Richter. Chez Karsten Greve, on a vendu un Homage to the Square de Joseph Albers à plus de 300 000 euros. Chez le Londonien Lisson, un miroir d'Anish Kapoor s'est négocié à 200 000 euros. Ghislaine Hussenot a bien écoulé ses Jorge Pardo et Guy Pieters tous ses Jean-Pierre Raynaud, qui vit un moment euphorique. A l'inverse de van Zoetendal, d'autres exposants ayant fait le choix de la photographie semblent satisfaits. C'est le cas chez Marwan Hoss, où l'on présentait un one-man-show de Jean-Baptiste Huynh ou chez Philippe Nelson. «Nous avons vendu des nus et des machines, les deux séries de Thomas Ruff que nous présentions», explique Cécile Barrault, de la galerie Nelson. Les premières se négociaient à 27 000 euros, les secondes entre 18 000 et 24 000 euros. «Et des contacts ont été pris avec des institutions.» L'un rit, l'autre pas, dit le dicton. A l'inverse de Sollertis, le Rennais Oniris est ravi de la performance de ses Morellet ou Molnar. «Pour une galerie de province comme nous, s'il n'y avait pas de foire à Paris, nous serions morts…» Pierre Nahon, de la galerie Beaubourg à Vence, est le plus «militant» : «Pour André Raffray, quatre pièces ont été vendues, deux retenues et une exposition programmée à Los Angeles. Les boîtes animées de Fabien ont eu un succès public invraisemblable : on ne pouvait plus circuler sur le stand. Sur les cinq présentées, deux ont été vendues et une retenue. Malgré une presse épouvantable la semaine qui a précédé l'ouverture - on aurait dit que nous devions aller à notre propre enterrement - nous avons fait une très bonne FIAC.» Un jugement sans appel…


 Rafael Pic
16.10.2003