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Marché

Qui a peur de Frieze ?

Londres se dote enfin d'une ambitieuse foire d'art contemporain. Berlin, Cologne et Paris observent avec une pointe d'inquiétude…


Martin Boyce, Notre amour est
comme les fleurs, la pluie, la
mer et les fleurs
, 2002.
Courtesy The Modern Institute
LONDRES. Les organisateurs ne sont pas des inconnus. Amanda Sharp et Matthew Slotover sont les éditeurs de Frieze, l'une des principales revues d'art contemporain en Europe. Forts de leurs contacts avec le milieu professionnel, ils ont décidé de sauter le pas et de monter dans la capitale anglaise un événement qui puisse se comparer à la FIAC ou à Art Cologne. C'est dans une grande tente à Regents Park, qui n'est pas sans rappeler la FIAC «époque du quai Branly», que sont réunies du 17 au 20 octobre un peu plus d'une centaine de galeries internationales. On y trouve des Anglais, évidemment, mais aussi beaucoup d'Allemands dont un fort contingent de gens de Cologne, en froid avec leur propre manifestation (BQ, Buchholz, Christian Nagel). Et des Français, au nombre de sept, qui sont en général assez critiques avec la FIAC. Chez Air de Paris, qui consacre tout son stand à Philippe Parreno, on estime que ce nouveau rendez-vous est «mieux organisé» et qu'il est «toujours stimulant, dynamisant, de participer à une foire qui se lance.» Chez Chantal Crousel, qui souhaiterait une redéfinition de la FIAC, à laquelle elle n'a pas pris part cette année, on mise sur des valeurs sûres en pays anglo-saxon - Tony Cragg, Mona Hatoum, Thomas Hirschhorn - mais aussi sur Anri Sala ou Fabrice Gigy.


Jim Shaw, Personnages
descendant un escalier
,
2002, Courtesy
Praz-Delavallade
FIAC ou Frieze ?
La véritable attente concerne les Etats-Unis. «Il est très dur de faire venir des collectionneurs étrangers en France, surtout les Américains, dit-on chez Almine Rech. Frieze devrait fournir une excellente occasion de les rencontrer.» Comme Yvon Lambert ou Nathalie Obadia, la galerie a donc choisi de participer simultanément à la FIAC et à Frieze. Les résultats comparatifs conditionneront évidemment la décision pour l'année prochaine. Les promoteurs de la nouvelle aventure sont déjà gagnants sur un point : ils ont fait se déplacer les exposants de New York et de la côte Ouest, avec un contingent que l'on ne voyait pas depuis longtemps en Europe : vingt-sept galeries, comprenant les New Yorkais Gavin Brown, Gagosian, Marian Goodman et Luhring Augustine, et les Californiens Blum & Poe et Patrick Painter. Si Londres n'a pas actuellement de rétrospective comparable à celles de Paris sur les maîtres modernes, elle a pris une longueur d'avance en art actuel avec Sigmar Polke et Olafur Eliasson (Tate Modern), John Currin (Serpentine), Bill Viola (National Gallery) ou Franz West (Whitechapel). L'ouverture de l'espace londonien des Zurichois Hauser & Wirth, les tarifs exorbitants pratiqués chez White Cube pour la récente exposition Damien Hirst prouvent que le bouillonnement de la création contemporaine survit à l'effet de mode des Young British Artists. A Frieze de le confirmer.


 Rafael Pic
16.10.2003