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Patrimoine

L'ultime franc dessiné par Starck © Monnaie de Paris


Starck signe l'adieu au franc

Le designer français Philippe Starck a été chargé par la Monnaie de Paris de réaliser l’ultime franc. Gilles de Gouyon, directeur marketing, nous explique ce geste symbolique.

Comment avez-vous eu l’idée de faire appel à Philippe Starck ?
Gilles de Gouyon
. Nous étions en contact avec Philippe Starck depuis 1992 pour d’autres projest qui n’ont pas abouti. À la fin de l’an 2000, la Monnaie de Paris a tout de suite pensé à lui pour ce projet de dernier franc, car c’est un très grand designer français. Nous lui en avons donc fait la proposition, mais les idées viennent de lui. On reconnaît d’ailleurs facilement son style très épuré sur la pièce.

Quelle est la portée symbolique du dessin choisi?
Gilles de Gouyon
. Philippe Starck a choisi de casser la forme du franc afin de symboliser la fin d’une époque, un passage. Tous les éléments figurant habituellement sur l’endroit ou l’envers d’une pièce, sont renvoyés sur la tranche de l’ultime franc : date de frappe, poinçon, devises symboliques… Il ne reste plus que les inscriptions « ultime franc » en lettres sur une face, et le chiffre sur l’autre. Toutes deux sont placées au bord du cercle, comme si elles allaient disparaître d’un moment à l’autre, ce qui rappelle le passage du temps. La pièce elle-même n’est pas plate, mais ondulée comme une hélice ou une vague. C’est une forme très douce, qui rappelle fortement le geste de frottement de l’index et du majeur contre le pouce, pour signifier l’argent.

Comment se présente l’écrin de l’ultime franc ?
Gilles de Gouyon
. L’écrin du franc, réalisé dans de la pulpe de papier d’un gris variant selon la densité de la matière, a également été conçu par Starck. Il porte l’inscription en relief « Un ultime franc de la République française » d’un côté, et de l’autre un résumé de l’histoire du franc. Celle-ci a aussi beaucoup inspiré le designer par sa portée symbolique. En effet, la première pièce appelée « franc » a été frappée lorsque le roi Jean le Bon a été libéré par les Anglais. Son nom évoque la liberté recouvrée.

Avez-vous dû mettre en œuvre des ateliers spécialisés pour cette frappe ?
Gilles de Gouyon
. Le processus de fabrication de l’ultime franc était nouveau pour nous. Contrairement aux pièces normales dont la création se fait en un temps, celle-ci se décompose en trois étapes : la frappe, le marquage de la tranche et la finition de surface. Pour arriver à ce résultat, nous avons dû mettre au point une technique très fine et très compliquée, pour laquelle nous avons effectivement dû faire appel à des spécialistes et qui nous a coûté de grands efforts.

Comment se déroule la vente de l’ultime franc ?
Gilles de Gouyon
. Dès le mois d’avril, lorsque nous avons annoncé le tirage de l’ultime franc, celui-ci a été limité à 50 000 exemplaires pour la pièce d’argent, et 5 000 pour la pièce d’or. Nous vendons la première au prix de 223 francs (34 euros) et la seconde à 3509,50 francs (535 euros) Toutes les pièces d’argent sont déjà parties, et il ne reste plus beaucoup de pièces d’or. Nous pouvons donc dire que l’ultime franc remporte un succès inespéré.


 Amélie de Maupeou
10.10.2001