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Mac 2000, le salon sans galeries

Favoriser le dialogue direct entre artistes et collectionneurs : Mac 2000, qui tient sa 19e édition à la Porte d'Auteuil, reste fidèle à ses principes fondateurs.


Sylval, Comète XY, 2002, h. 39 cm
sculpture mobile bois
Un salon sans galeries ni intermédiaires : c'est la marque de fabrique de Mac 2000, l'événement conçu par Concha Benedito, qui fut autrefois la grande prêtresse du salon Jeune Peinture. Devant chaque stand, l'artiste en personne : ils sont ainsi 115 cette année, de Sonia Achimsky, basée à Paris, à Saiwa Zeidan, qui vient du Liban. «Chaque alvéole distille le miel secret d'une expression propre, loin des «aérogares de l'art» que sont les salons «bruissant de bruits qui courent». Derrière les formules fleuries de la présentation, que voit-on concrètement ? Beaucoup, énormément, de travaux sur toile : huile, acrylique, techniques mixtes ou sérigraphie. De la sculpture, aussi, figurative ou abstraite, en matériaux simples (terre cuite) ou nobles (marbre de Carrare chez Bertrand Creac'h, Gérard Ducouret ou Micheline Guichon), en bronze (Cokio, par exemple) ou en bois (chez Coskun, qui est un peu la star du salon puisqu'il vient de bénéficier d'une rétrospective au Sénat). Ce qui se remarque très vite, c'est également la rareté d'œuvres sur papier et la quasi-absence de la photographie, si prospère à la FIAC - elle n'a ici qu'un représentant, Tom Naumann.


Ben-Ami Koller, Sans titre, 2002
80 x 80 cm, pigments, pastel
sec et pierre noire sur papier
Des prix très sages
En termes de qualité, ce que de nombreux critiques jugeraient comme d'insignifiantes et maladroites répétitions du passé côtoient des objets décoratifs très «coffee table» et des œuvres fortes. C'est la règle du jeu : la critique est ici formée par le public, qui a des goûts très variés et qui peut, pour son bonheur, accéder financièrement aux œuvres puisque les premiers prix sont inférieurs à 200 euros. L'aspect le plus attachant de la manifestation est bien ce rapport direct avec l'artiste. Michel Madore vous expliquera comment il travaille le papier avant de le maroufler sur toile, comment il le couvre de formes humaines énigmatiques qui rappellent les «brouillons» ou sinopies des fresques de la Renaissance. Adèle Bessy discutera des vertus de son «écriture automatique» qui a déjà séduit le critique Gilbert Lascault. Pascal Hémery vous introduira à sa technique originale, qu'il a baptisée oxygraphie. Ses toiles colorées ne contiennent pas un gramme de peinture. Il ne s'agit que de fer et de terre oxydés par le feu puis réduits au moyen d'explosifs. On l'aura compris : à Mac 2000, on ne s'approche pas des célébrités mais on est au plus près, modestement, sans fioritures, d'un art qui se fait. Ce qui est au moins aussi enrichissant.


 Charles Flours
21.10.2003