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Marché

René Magritte, Portrait de René Gaffé, 1942


René Gaffé, les trésors d’un collectionneur

À Paris et New York, Christie’s présente la spectaculaire collection d’art moderne et tribal qui sera dispersée cet automne.

Journaliste, homme d’affaires, ami des surréalistes, auteur d’écrits artistiques et mécène, le Belge René Gaffé n’était pas un homme ordinaire. Dans les années 1920-1930, c’est un véritable précurseur. Il acquiert des œuvres « sur le vif », souvent auprès des artistes qui sont ses proches, Breton, Eluard, Picasso, Magritte, Miro ou Ernst. Il constitue ainsi une collection de d’art moderne et tribal, un ensemble d’une cinquantaine de chefs-d’œuvre qu’il a toujours tenu à conserver auprès de lui, refusant de les disperser ou de les prêter pour des expositions.

Comme l’explique Thomas Seydoux, directeur du département d'art impressionniste et moderne de Christie’s Paris, René Gaffé était doté d’une véritable intuition, il savait «immédiatement reconnaître les chefs-d’œuvre qui devinrent les piliers de la collection». Quelques exemples suffisent pour s'en convaincre. Dans le domaine moderne, ce sont deux Miro des meilleures années surréalistes, la Danseuse espagnole (5/7 millions $) et le Paysage sur les bords du fleuve Amour, une Etude de Nu dans une forêt de Picasso peinte à l’époque des Demoiselles d’Avignon ou le monumental Moteur de Léger (4/6 millions $) à la composition remarquablement équilibrée. En ce qui concerne l’art primitif, ce sont un reliquaire Byeri du Gabon (2/3 millions FF), une statuette Lega en ivoire du Zaïre ou une effigie bisexuée Uli de Nouvelle-Irlande qui fascinait André Breton au point de lui dédier un poème.

Ce sont ces objets vierges de tout regard qui sont exceptionnellement réunis, pour deux jours, au 9 avenue de Matignon, dans les locaux parisiens de Christie’s avant d’être présentés dans les galeries new-yorkaises de l’auctioneer, du 2 au 6 novembre. En effet, trente-trois ans après la mort de René Gaffé, sa femme met en vente cette collection unique. Il s’agira d’ailleurs d’une vente en deux temps. La collection d’art moderne sera offerte aux enchères le 6 novembre à New York et ses bénéfices, qui pourraient atteindre les 300 millions de francs, reviendront entièrement à l’UNICEF. Quant à la vente de la collection d’art tribal organisée par Guy Loudmer et Marie-Laure Terrin-Amrouche, elle se déroulera le 8 décembre sous le commissariat d’Artus Associés et Calmels-Chambre-Cohen. Le produit de cette vacation, estimé à 20 millions de francs, sera versé à l’Institut Curie.


 Zoé Blumenfeld
10.10.2001