Home > Le Quotidien des Arts > Le Brésil de fond en comble

Expositions

Emiliano Di Cavalcanti, Samba, 1925
© Collection Geneviéve et Jean Boghici
Photo: Fernando Chaves


Le Brésil de fond en comble

L’exposition du Guggenheim Museum de NewYork propose un voyage à travers l’art brésilien, du baroque aux créations contemporaines.

L’exposition explore les 8500 000 kilomètres carrés d’Amérique du Sud qui composent le Brésil. Empreint de religiosité, ce pays présente une production où se mêlent art et spiritualité. Plus de 350 œuvres comprenant des autels baroques monumentaux, des pièces liturgiques en argent ou or, des peintures et sculptures religieuses, des photographies et des installations contemporaines ayant tous en commun cette alliance du corps et de l’esprit dans l’acte de création sont mis en scène dans une muséographie de Jean Nouvel. Si l’Europe a évoqué de nombreuses fois ce sujet, citons Le Brésil Baroque au Petit Palais en 1999, la culture brésilienne n’a été que très peu étudiée en Amérique si ce n’est pour son art contemporain.

Découvert en avril 1500 par le portugais Pedro Alvares Cabral, le Brésil a dès lors suscité la curiosité de nombreux Européens à la recherche d’exotisme. L’exposition en présente les premières traces : les hollandais Frans Post (1612-1680) et Albert Eckhout (1610-1665) nous ont laissé de précieux portraits d'autochtones. L’age baroque occupe une place de choix dans cette présentation : les sculptures religieuses de Frei Agostinho de Piedade, Manuel Inacio da Costa multiplient figures de processions, objets rituels et toutes formes de pièces liturgiques. L’imposant autel baroque de l’église de São Bento à Olinda atteste de la majesté des travaux. Particulièrement prisés au Brésil, les petits oratoires privés se déclinent sous plusieurs formes. Si les artistes sont très souvent restés anonyles, certaines figures comme Aleijadinho ou Manuel da Costa Ataide ont atteind une notoriété notable. Représentatifs de la ferveur populaire, les petits ex-voto, aussi appelés « milagres »(miracles), offrent une image de la foi afro-brésilienne et de ses œuvres.

Dès 1822, devenuindépendant du Portugal, le Brésil devient le lieu de toutes les curiosités. Des artistes du monde entier font le voyage pour peindre ou dessiner des vues exotiques et pittoresques : Martin Johnson Heade est à l’origine d’images parmi les plus populaires de la faune et la flore brésiliennes, les photographies du français Pierre Verger offrent une image très réaliste de Salvador de Bahia et le cousin de David, Jean Baptiste Debret apporte l'enseignement néoclassique aux artistes locaux. Le modernisme brésilien des années 1920 peut être illustré par Emiliano di Calvalcanti et plus particulièrement par son œuvre majeure : Samba de 1925. L’exposition ne s’arrête pas là. L’art contemporain trouve aussi sa place : Miguel Rio Branco (1946), Vik Muniz (1961), Adriana Verejão présentent aussi bien photographies qu’installations, témoignages directes d’une identité fondée sur un héritage artistique. Est-ce un hasard si l’architecte du Pavillon du Brésil lors de la World Fair de New York de 1939 était le brésilien Oscar Niemeyer?


 Stéphanie Magalhaes
19.10.2001