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Dernière heure

Soulages vu par un pair

Le peintre américain Russell Connor donne sa vision de Soulages, alimentée par de longues conversations.

La couverture est noire, certes. On ne refait pas Soulages… Si l'ouvrage n'apporte pas de révélations sur le peintre de Rodez, il se lit avec plaisir. Russell Connor, auteur de documentaires pour la télévision mais également artiste, a la fraîcheur des enquêteurs américains, qui ne s'embarrassent jamais de poser les questions «évidentes». On est donc informé des premiers pas de Soulages sur la route du noir et, d'une manière fluide, des principaux événements de sa carrière, de sa première exposition personnelle chez Lydia Conti en 1949 jusqu'à sa rétrospective à l'Ermitage en 2001, l'une des premières consacrées à un peintre contemporain, en passant par sa découverte du bronze en 1979. Des passages intéressants concernent l'amicale rivalité avec Frantz Kline, la percée aux Etats-Unis grâce à James Sweeney et Leo Castelli, dans un contexte d'expressionnisme abstrait où il fallait que la peinture soit «rude, musclée, à 500 km/heure» (selon l'artiste John Ferren) ou les démêlés avec la galerie Carré, qui formule un conseil ignoré : ne faire que des petits formats.

Soulages parle
Les entretiens, qui se sont étendus sur six mois, de juin à décembre 2002, sont restitués par des citations dans le corps du texte. Y sont abordées toutes sortes de questions, des plus banales aux plus essentielles. Pourquoi Soulages se borne-t-il à titrer ses tableaux sous la forme Peinture, 222 x 137 cm, 9 avril 1997 ? Pourquoi fabrique-t-il lui-même ses outils ? Pourquoi travaille-t-il à la lumière électrique plutôt qu'à la lumière du jour ? Quelle est l'importance de cette tache de goudron sur le mur de l'hôpital vue en 1931, à l'âge de 12 ans ? Quant au premier carré noir qui a impressionné Soulages, on apprend que ce n'est pas celui de Malevitch mais celui du rosicrucien anglais Robert Boyd, au début du XVIIe siècle…


 Pierre de Sélène
06.01.2004