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Ed Ruscha vend sa maison en chocolat

Le Museum of Contemporary Art de Los Angeles annonce l'acquisition de la «Chocolate Room» de l'artiste américain.


La Chocolate Room en 1995.
LOS ANGELES. C'est une information qui aurait eu tout son poids à Pâques mais qui garde sa valeur durant la trêve des confiseurs. Le Musée d'art contemporain (MOCA) de la plus grande ville de Californie a fait savoir, sans en divulguer le prix, qu'il avait procédé à l'acquisition d'une installation «mythique» d'Ed Ruscha, la Chocolate Room, présentée pour la première fois en 1970 à la Biennale de Venise. Ed Ruscha, alors âgé de 33 ans, avait participé au pavillon nord-américain, que beaucoup d'artistes avaient déserté en signe de protestation contre la guerre du Vietnam. L'approche du commissaire Henry Hopkins était originale : plutôt que de présenter un panorama de l'art contemporain des Etats-Unis, il s'était concentré sur les techniques de gravure et avait installé un atelier sur place. Ruscha, le premier invité, avait sérigraphié 360 feuilles de papier avec du chocolat et en avait tapissé tous les murs d'une pièce.


La Chocolate Room à la
Biennale de Venise en 1970.
Du cacao qui ne vieillit pas
Cette «Chocolate Room» avait été remontée en 1995, pour célébrer le quart de siècle de sa création, dans le même musée qui l'achète aujourd'hui. C'était à l'occasion de l'exposition «1965-1975: Reconsidering the Object of Art», dont les commissaires étaient Ann Goldstein et Anne Rorimer. «Cette acquisition rejoint une collection déjà impressionnante d'œuvres de Ruscha» a expliqué le conservateur en chef du musée, Paul Schimmel. Le MOCA possède en effet cinq peintures, un dessin, un portfolio de photographies, deux portfolios de gravures et onze gravures de l'artiste, toutes œuvres entrées dans le fonds grâce à des dons. La direction, interrogée, nous a fait savoir que les feuilles encore utilisables de la «Chocolate Room» de 1995 seraient réemployées. Les autres seront réimprimées. L'institution ne possédant pas de spécialiste de la conservation des œuvres en chocolat, la politique choisie est celle de la subsitution en fonction de l'usure. Le remplacement régulier des vieilles feuilles par des nouvelles permettra notamment de conserver l'entêtante odeur de cacao, qui est partie intégrante de l'installation.


 Charles Flours
31.12.2003