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Expositions

Adolf Fényes, Matinée dans une petite ville, 1904, Galerie nationale hongroise de Budapest
© Photo : Tibor Mester


Jozsef Rippl-Ronai, Nature morte aux oranges, vers 1910, collection Kieselbach
© Photo: György Darabos


Le colorisme magyar au tournant du siècle

À Paris, la salle Saint-Jean propose quatre vingt œuvres pour découvrir les peintres hongrois des années 1870-1914.

Au premier abord, on pourrait se croire dans une rétrospective d’artistes français méconnus. A l’entrée, on est accueilli par deux pastels L’ami de Madame Bovary et Moulin Rouge - quoi de plus parisien ? Plus loin, on est rattrapé par des épigones des grands noms de la peinture française du 19e siècle. Ici, des sous-bois signés Paal ou Munkacsy qui plongent dans l’atmosphère de l’école de Barbizon. Là, des Meules de foin de Hollosy ou un Champ de coquelicots de Szinyei Merse qui rappellent Monet. Simple vue de l’esprit ? Pas vraiment, car dans les années 1870-1914, les artistes hongrois rompent avec la tradition académique de célébration d’un passé glorieux et avec la vogue des voyages d’étude en Italie et à Vienne pour se tourner résolument vers les avant-gardes parisiennes. Il serait pourtant très simplificateur de voir dans l’école magyare un simple écho de ces conceptions. Ne serait-ce que parce que les œuvres françaises les plus novatrices ne sont pas exposées en Hongrie et que tous les peintres hongrois n’ont pas l’occasion de se rendre en France.

Il faut donc aborder paysages, portraits et natures mortes comme les œuvres d’une école originale aux tendances variées. Car l'établissement de communautés d’artistes à Nagybanya et à Szolnok - les deux écoles fondatrices dans l’apparition de la peinture en plein-air -, ne rime pas avec une uniformisation du style. Parmi la trentaine d’artistes exposés, quatre personnalités importantes se distinguent. Szinyei Merse, l’un des pères de la modernité hongroise, Ferenczy et sa traque presque impressionniste de la lumière, Fenyes et son traitement intime de la vie dans la région de Szolnok (Ecosseuse de haricots, Matinée dans une petite ville), mais aussi, la figure la plus connue des Français, Rippl-Ronai, le « Nabi hongrois ». Les huit peintures exposées permettent de découvrir son œuvre des années 1910, d’un superbe portrait Mon frère et l’oncle Piacsek encore marqué par le traitement en aplats de couleurs vives jusqu’à ses œuvres traitées en épais points juxtaposés qu’il se plaisait à appeler ses « peintures en grains de maïs ».


 Zoé Blumenfeld
11.10.2001