Home > Le Quotidien des Arts > Christian Deydier : «Pas de cotisations sociales sur les artistes morts !»

Marché

Christian Deydier : «Pas de cotisations sociales sur les artistes morts !»

Le président du Syndicat national des antiquaires fait le point sur son action après un an et demi de mandat. Et aborde tous les thèmes d'actualité : la Biennale, Unidroit, la TVA à l'importation, la Maison des artistes…


Christian Deydier
© D.R.
Lorsque vous avez été élu en 2002, vous nous disiez que vos réformes ne se verraient pas toutes de l'extérieur. Où en êtes-vous ?
Christian Deydier, président du Syndicat national des antiquaires.
Nous avons un peu secoué le syndicat, qui est une vieille dame mais dans les réformes, on fait souvent deux pas en avant puis un pas en arrière. Nous nous sommes rapprochés de nos partenaires européens, notamment britanniques, nous avons donné le droit de vote aux membres étrangers. Nous avons beaucoup travaillé sur la Biennale, en modifant le fonctionnement de la commission, en revoyant toute notre politique vis-à-vis des médias et de la publicité. La Biennale, c'est le salon le plus important du monde, le plus exceptionnel. Nous voulons qu'il touche davantage le grand public, les revues de luxe, les magazines féminins, la radio et la télévision.

Pouvez-vous dire un mot sur cette la Biennale 2004 et ne craignez-vous pas le Pavillon des antiquaires, qui a annoncé qu'il aurait lieu à la même date en septembre 2004 ?
C. D.
Il n'y aura pas d'autre salon en même temps que la Biennale. Pour celle-ci, la sélection fera bien sûr grincer des dents. Mais nous n'avons, sur les quelque 3500 m2 du Carrousel du Louvre, que cent places pour environ deux cents candidatures. A ce propos, nous sommes favorables à ce que la Biennale retourne au Grand Palais lorsqu'il rouvrira en 2007. Mais ce sera la tâche d'un de mes successeurs !

Vous vous éleviez contre un président à vie du SNA. L'élection a lieu chaque année. Vous représenterez-vous au mois d'avril ?
C. D.
Pour l'instant, je travaille sur la Biennale.

Parmi les chevaux de bataille du syndicat, il y a Unidroit, la TVA à l'importation…
C. D.
Pour Unidroit, à peu près tout le monde est désormais contre. Nous maintenons notre surveillance mais rien ne va bouger dans l'immédiat, il n'y a pas de loi d'application en vue. Pour la TVA à l'importation, nous avons réussi à convaincre notre gouvernement de sa nocivité. La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, rejointes par la Belgique et les Pays-Bas, ont adopté une position commune qu'elles défendront à Bruxelles. Mais ce sera un marchandage puisque certains pays comme la France veulent aussi une réduction de la TVA sur les restaurants ou les disques et que la décision doit être prise à l'unanimité.

La question de la Maison des artistes vous occupe beaucoup.
C. D.
C'est peut-être notre principal combat en ce moment ! Nous devons reverser un pourcentage de 0,50% calculé sur le tiers de notre chiffre d'affaires à la Maison des artistes. Ce montant est calculé sur un chiffre d'affaires TTC, ce qui, déjà, n'est pas légal. En étudiant bien le dossier, nous nous sommes aussi rendus compte que ces cotisations sociales - il ne s'agit pas du tout d'un droit de suite - valaient aussi pour les artistes morts depuis moins de 70 ans. Nous envisageons d'attaquer en justice et même de demander le remboursement de toutes les sommes versées. Ce serait en tout cas un très bon système à proposer à M. Raffarin pour assurer l'équilibre des caisses : faire cotiser les morts !

Vous évoquiez la possibilité de créer un site internet avec les polices française et italienne pour lutter contre le trafic d'œuvres d'art.
C. D.
C'est infaisable ! Trop compliqué à mettre en place ! Nous avons cependant obtenu de pouvoir accéder, bientôt, à la banque de données de la police française. Cette possibilité ne sera donnée qu'à quelques organismes précis comme le nôtre ou la chambre des commissaires-priseurs. Nous enverrons la photo de l'objet sur lequel nous avons des doutes et l'ordinateur nous dira s'il a été volé ou non. Ce sera un grand progrès par rapport à ce qui se passe aujourd'hui puisque l'on ne fonctionne pas du tout en temps réel. Nous recevons une disquette Interpol avec douze cents objets volés il y a un an ou plus. Cela ne nous donne donc aucune réponse sur telle petite théière, qui a pu être dérobée il y a un mois. Car ce que nous avons besoin de savoir, évidemment, ce n'est pas le vol de la Joconde mais celui d'objets moins médiatisés.


 Rafael Pic
09.01.2004