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Expositions

Quadriennale de Gand : bizarre, bizarre…

Déroulant son parcours du bunker au casino, la première édition de la manifestation conçue par Jan Hoet joue la carte de la surprise.


Robjins
Les admirateurs du génial historien d'art Jan Hoet, inventeur de ce nouvel
événement, destiné à présenter la jeune création internationale, seront
forcément déçus en arrivant à Gand : ce n'est pas lui qui a choisi les artistes présentés. Jan Hoet a en effet confié ce soin a une jeune «independent curator» new-yorkaise, Jeanne Greenberg Rohatyn, spécialiste de la photographie et des lieux alternatifs. Les soixante artistes qu'elle a sélectionnés - essentiellement âgés d'une trentaine d'années - appartiennent à des courants actuels déjà bien définis : l'observation du quotidien dans ce qu'il a de plus dérisoire, l'interrogation des derniers tabous liés à la notion de nu et de mort, le dialogue de la sculpture avec le design, la fascination pour les nouvelles technologies. Les travaux sélectionnés brillent cependant de tout leur éclat, grâce à une mise en scène dans trois lieux particulièrement spectaculaires.


Eisinga
Au SMAK, tout d'abord, le musée d'art contemporain de la ville, installé par Jan Hoet dans un ancien casino, les grands murs blancs conviennent merveilleusement à la projection des vidéos et, aussi, au déploiement de
graffitis immenses, peints à même l'architecture. Au Bijlokemuseum, le musée
de la ville, dans un couvent du XIVe siècle, le corps humain, photographié nu
ou de manière très rapproché, est donné à voir parmi les lambris, tel une
publicité pour des dessous chics. Au Bunker, enfin, dans l'ancien abri atomique de la cité, enfoui sous le jardin municipal, le béton aux peintures défraîchies et l'odeur de moisi décuplent la dimension déprimante des films présentés. Ici un homme (imaginé par Eisinga, Pays Bas) s'ennuie, en slip kangourou, sur son lit de fer. Dans la salle voisine (une idée de Robijns, Belgique), un gardien et son berger allemand déambulent, apparaissent et disparaissent dans l'embrasure des deux portes. Un peu plus loin encore, un autoportrait (signé Céspedes, Chili) se veut cabriolant mais, ambiance oblige, distille un profond malaise.


Geers
En quittant le bunker, il est difficile de ne pas conclure que l'art occidental n'en finit pas de faire le deuil de ses valeurs, à grand renfort de citations historiques, de mises en scène morbides et de couleurs fluorescentes. Vivement le printemps !


 Françoise Monnin
26.11.2001