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Expositions

Quand politique rime avec esthétique

Autochtones ou non, que créent les artistes inspirés par l'Algérie ? L'Espace Electra apporte des éléments de réponse.


Daniel Nadaud, Ici les seaux de
l’eau de là
, 2003, chariot,
matériaux divers, fourches et seaux,
dont 8 en porcelaine blanche
PARIS. L'Algérie fait rarement la une de l'actualité par l'intermédiaire de ses artistes. Une exposition, conclusion idéale de «Djazair, l'année algérienne en France», permet de découvrir les créateurs de l'autre rive de la Méditerranée. Plutôt que de remonter loin dans le temps, les commissaires ont choisi de présenter la production récente (1998-2003) d’une vingtaine d’artistes et d’étudiants de l’Ensad (Ecole Nationale des Arts Décoratifs) de Paris. Il s'agit d'œuvres engagées, qui utilisent tous les supports : la peinture, la sculpture mais aussi la vidéo (avec utilisation d'archives télévisées chez Hiroshi Maeda) et qui sont la preuve d'un combat quotidien contre la censure, l’oubli et la violence.


Philippe Cognée, Médina, 2003
peinture à la cire sur toile. Courtesy
galerie Daniel Templon - Paris
© Adagp, 2003
Images du quotidien
Derrière cette dimension politique, la vie de tous les jours apparaît en filigrane, avec des témoignages sensibles comme cette série de photographies ...et la vie continue, due à Ianna Andréadis, prises de leur fenêtres par les habitants, grâce auxquelles on prend part au quotidien des Algérois. Des artistes plus chevronnés participent à l'exposition. C'est le cas d'Ernest Pignon-Ernest, qui rend hommage au parcours du jeune mathématicien Maurice Audin, membre du parti communiste, mal vu par les autorités françaises pour ses liens avec le FLN et assassiné en 1957. Malgré la dureté des faits, la poésie imprègne souvent cette plongée dans l’histoire algérienne, à l'image de ces tableaux de Philippe Cognée, représentant des vues de Médine pleines de lyrisme. Grâce à l'architecte et scénographe Massimo Quendolo, les tonalités lumineuses adoucissent une atmosphère, qui, on le sent, n'est pas toujours chargée de l'angoisse et de la tension que les journaux télévisés tentent de nous transmettre en permanence. Le parcours en lui-même est comme une métaphore de l'espoir. On débute dans la pénombre du sous-sol, que l'on peut lire comme le symbole d'un passé douloureux, et l'on monte graduellement vers la lumière des étages supérieurs, où les, portraits de jeunes Algériens, par Sélim Saiah et Yassid Oulab, sont des tableaux figuratifs pleins d'humanisme.


 Nicolas Bodereau
14.02.2004