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La photographie en quelques mots

De Daguerre à Salgado en 64 pages : ou comment résumer efficacement une discipline née il y a près de deux siècles.

Il en va de la photographie comme de l'art en général, de la littérature ou de la botanique : on peut employer vingt volumes sans épuiser le sujet ou tenter d'en délimiter les contours en quelques pages. Les deux épreuves sont difficiles. Dans sa série «Découvrons l'art», c'est la seconde voie que choisit l'éditeur Cercle d'art. L'une des originalités de la collection est d'être imprimée en grand format alors que la plupart des initiations sur l'art sont en livre de poche. Ce qui permet de mieux apprécier des images de groupe - comme ce touchant Timide à lunettes de Doisneau - ou les tirages moins «piqués» : ceux des pictorialistes, qui jouaient sciemment des effets d'atmosphère et de flou, ou les photographies plus anciennes comme ce Repaire de bandits, Mulberry Street de Jacob Riis, qui décrit les bas-fonds new-yorkais en 1880.

D'Alvarez-Bravo à Weston
Cinq pages de textes posent les bases : la naissance de la technique, son rôle dans le développement de la presse, les tendances de la création actuelle. Un bref Who's Who rassemble les biographies de 28 auteurs importants, de Manuel Alvarez-Bravo à Edward Weston. On regrette quelques coquilles (Daguerre qui s'associe à Niépce en 1929 au lieu de 1829, ou Kaboul orthographié «Kabul» dans une légende) mais c'est un mal général dans l'édition : on veut aller toujours plus vite sans se laisser le temps de la révision. Pour le reste, le jeu évident consistera à trouver qui sont les grands absents : c'est d'ailleurs un exercice excellent pour progresser dans la connaissance de la photographie et on ne saurait trop le recommander…

De Niépce à nos jours
En vérité, en si peu de pages, les choix sont cruels et forcément subjectifs. Mais la toute première impression est bien là : ce Point de vue d'une fenêtre du Gras de Niépce (1827), récemment restauré. Et l'on va jusqu'au 11 septembre. Pas d'August Sander ? Mais ce n'est pas une mauvaise idée de mettre, comme équivalent, cette Cuisinière aux belles joues de Markov-Grinberg ou ce Jeune Komsomol de Saïkhet. Pas cette célébrissime photo d'Elliott Erwitt où le monde est vu à hauteur de chihuahua ? Mais ce chien pensif en contre-plongée par Xavier Lambours vaut aussi le détour. S'il faut absolument jouer aux bougons envers notre collaborateur Hervé Le Goff, on dira qu'on aurait aimé voir un autochrome - comme exemple précoce d'image en couleur - ou des clichés indigènes d'Amérique ou d'Afrique - Martín Chambi ou Seydou Keita. Dans la prochaine édition ?


 Pierre de Sélène
20.03.2004