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Musées

Ricard arrose le quai Branly

Une convention de mécénat a été signée entre le futur musée des arts premiers et le groupe de boissons, qui apporte un million d'euros pour la construction des terrasses.


Musée du quai Branly, vue aérienne
de la maquette
PARIS. C'est au Musée du Louvre que l'accord liant les deux partenaires a été signé mardi 6 avril. Rien de surprenant à cela puisque le lieu choisi, le Pavillon des sessions, inauguré le 13 avril 2000 par Jacques Chirac, est une préfiguration de ce qu'exposera le Musée du quai Branly à son ouverture, au début 2006. «Le Musée du quai Branly est un projet moderne, innovant et populaire : trois valeurs que défend Pernod-Ricard, a affirmé Patrick Ricard, le président de la société, sur fond de sculptures de la civilisation d'Ifé, de Sokoto ou Chupícurao. «Vous en voyez ici un échantillon. J'espère que l'expression ne vous choquera pas. Mais, après tout, je suis dans les boissons» a-t-il conclu en forme de boutade, au terme d'une brève allocution.


Avancement du chantier
au 28 novembre 2003
Mécénat à l'anglo-saxonne
Le groupe agro-alimentaire, qui a déjà financé les terrasses au Centre Pompidou (pour 750 000 euros), reste dans le même registre. Le million d'euros promis au quai Branly servira en effet à la construction du bassin des terrasses. Le musée du quai Branly développe une politique de mécénat où l'effet de la donation est clairement individualisé. Ce qui est monnaie courante dans les musées anglo-saxons : le même jour, le MoMA de New York faisait savoir que son nouvel auditorium porterait le nom de Celeste Bartos, l'atrium celui de Catie et Donald Marron, le bâtiment principal ceux de Peggy et David Rockefeller, en hommage à d'importants bailleurs de fonds. Patrick Ricard a ajouté que ce partenariat allait «s'inscrire dans le temps». On peut supposer que d'autres interventions soutiendront l'acquision d'œuvres majeures en tirant parti de la loi du 1er août 2003 sur le mécénat qui accorde une réduction d'impôt de 60% des sommes données (jusqu'à 90% s'il s'agit d'un trésor national). A la fin de l'année 2003, Pernod-Ricard avait ainsi apporté 3 millions d'euros pour que le Centre Pompidou puisse acquérir une sculpture de Julio González, Tête en profondeur.

Des plafonds australiens
L'équipe dirigeante de l'établissement public du musée du quai Branly en a profité pour faire le point sur les travaux et la muséographie. Stéphane Martin, son président, a confirmé que le bâtiment conçu par Jean Nouvel atteindrait le stade «clos-couvert» en octobre 2004. Il a souligné que l'ambassade d'Australie soutenait un ambitieux projet, celui de faire peindre environ 1000 m2 de plafond par les plus grands artistes aborigènes. Emmanuel Desveaux, chargé du projet pour l'enseignement, a émis un vœu : que les ethnologues, grâce au quai Branly, remettent l'objet matériel au centre de leurs recherche. Il a annoncé que le musée allait suivre une politique originale en matière de recherche. Tel une sorte de Villa Médicis, le quai Branly accueillera des chercheurs en résidence pour quelques mois. Enfin, Germain Viatte, chargé de la muséologie, a confirmé que la numérisation complète des 300 000 objets du musée, qui proviennent du Musée des arts d'Afrique et d'Océanie et du Musée de l'Homme, était en bonne voie, tout comme la réalisation d'une banque d'images en trois dimensions, qui pourra notamment être consultée sur internet.


 Rafael Pic
08.04.2004