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Marché

Paysage à la française

La collection Pierre Miquel, dont les mille œuvres sont dispersées tout au long de la semaine, est une ode à l'école paysagiste du XIXe siècle.


Paul Huet, Étude de mer dans la manche,
1861, huile sur panneau, 35 x 66 cm.
Est. : 8000 / 1200 €
PARIS. L'historien d'art Pierre Miquel est mort le dernier jour de l'année 2002 à l'âge de 81 ans. Pendant des décennies, il a étudié de façon systématique la peinture de paysage française du XIXe siècle. Le résultat est l'un de ces monuments qui finissent par prendre le nom de leur auteur. Le «Miquel» comme on l'appellera sans doute un jour, est une somme de onze volumes, intitulée L'Ecole de la Nature. La passion pour son sujet a amené l'auteur à devenir lui-même collectionneur. Une fréquentation assidue de Drouot et des antiquaires lui a permis d'accumuler une substantielle collection, que les aléas de la succession font repasser, du 30 mars au 5 avril, sous le marteau des commissaires-priseurs de Drouot, en l'occurrence ceux de la maison Rossini.

Soixante Huet
L'intérêt de cet ensemble est qu'il remonte aux tout débuts de la peinture d'extérieur, c'est-à-dire autour de l'année-charnière 1824, lorsque les tableaux de Constable créent une véritable onde de choc au Salon. Il comprend ensuite toute l'école de Barbizon et se conclut avec Félix Ziem, mort en 1911. Le XIXe siècle est donc couvert dans ses grandes largeurs. Les liens noués par Pierre Miquel dans le cadre de son étude lui ont permis d'acheter des œuvres directement aux descendants des artistes. Ainsi s'explique la présence d'une soixantaine d'huiles sur toile de Paul Huet (1803-1869), un des principaux représentants du paysage romantique, ou de quinze tableaux et quelque cent dessins de Louis Cabat (1812-1893).


Théodore Rousseau, Le Rageur,
cavalier sous l'orage
, 1852, huile
sur toile rentoilée, 59.5x73.5 cm,
est. : 60/100 000 €.
Rousseau à la hausse
Quel accueil le marché a-t-il accordé à ces toiles ? N'y a-t-il pas eu overdose de chaumières, de sous-bois bellifontains, de bricks sur les rochers ? Si un Saint Jérôme de Delacroix, estimé 60 000 euros, n'a pas trouvé preneur, les peintres dits mineurs se sont fort bien défendus. Les vacations ont ainsi débuté, le 30 mars, par la performance d'Achille Etna Michallon, à ranger dans les génies morts précocement (1796-1822) : son Paysage d'Auvergne (huile sur papier) a été adjugé à 92 929 euros. Il était évalué 5 000 à 8 000 euros… Les jours suivants, on a pu assister à quelques bonnes enchères concernant Théodore Rousseau : La Salève et l'Arve près de Genève est parti à 29 000 euros pour une estimation de 8 000 euros et La Mare aux fées en forêt de Fontainebleau a fait encore mieux en multipliant par six l'estimation de 6 000 euros, à 38 000 euros.


 Charles Flours
03.04.2004